Pauvreté et exlusion sociale : non, l’assistance n’entraîne pas l’assistanat selon le rapport de l’Onpes

Publié le 16 mai 2013 par Valérie Di Chiappari

« Penser l’assistance pour en sortir » : le rapport que Jérôme Vignon, le président de l’Observatoire de la exlusion socialepauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) a remis ce jeudi 16 mai à Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée à la lutte contre l’exclusion, est une réponse argumentée à tous ceux qui soupçonnent l’aide sociale d’encourager les personnes en détresse « à tout attendre d’autrui, à profiter abusivement de ses “largesses” au lieu de les inciter à se prendre en charge ».

Comme Laurent Wauquiez, par exemple : l’ex-ministre des affaires européennes du gouvernement Fillon avait dénoncé, en mai 2011, les « dérives de l’assistanat » comme « le cancer de la société française ». « Les situations d’abus existent, on ne peut le nier. (…) Pour autant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt », souligne l’Onpes, composé de chercheurs ainsi que de représentants des pouvoirs publics, d’organismes de protection sociale et d’associations : « Ce rapport montre, autant que peuvent en attester des données de sources variées, que prévaut dans les populations précaires et/ou aidées une immense aspiration à s’en sortir. »

Beaucoup de non-recours aux droits

« La dépendance est un état de souffrance qu’elles dissimulent autant que possible », comme le prouve l’ampleur des phénomènes de non-recours : deux tiers des allocataires potentiels du RSA activité ne font pas valoir leurs droits ; comme 68% des ménages éligibles aux tarifs sociaux du gaz et de l’électricité ; et 53 à 67% des personnes éligibles à l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé.  « Pour une prestation donnée, le non-recours engendre des “non-dépenses” bien supérieures au montant estimé de la fraude pour ces mêmes prestations. »

« De même, le soupçon d’une installation délibérée dans la dépendance est contredit par la connaissance des trajectoires multiples d’entrée et de sortie de l’exclusion. » Exemple : en France métropolitaine, environ 1,83 million de foyers bénéficiaient du RSA fin décembre 2011. Or, le nombre de foyers ayant perçu le RSA durant au moins un mois entre janvier et décembre 2011 s’est élevé à 3 millions, soit 1,64 fois plus que l’effectif mesuré en fin d’année, ce qui traduit la relative mobilité de ces publics.

Le rapport suggère plusieurs pistes de travail : automatiser davantage notre système de versement de droits, afin d’éviter le sentiment de stigmatisation éprouvé par les allocataires ; repenser et revaloriser le travail social pour mieux accompagner les bénéficiaires vers l’autonomie ; et mieux évaluer les effets des politiques de solidarité pour en améliorer l’efficacité et la compréhension par les citoyens. L’Onpes propose aussi de considérer les dépenses d’assistance comme des « investissements sociaux». « Une réalité qui s’impose lorsque l’on considère l’effet à long terme sur les finances publiques des coûts du mal-logement, d’une prévention insuffisante en matière de santé, de l’échec scolaire et du chômage de longue durée. » Franck Seuret – Photo DR

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