Handicap et sexualité : GiedRé, une chanteuse iconoclaste

Publié le 11 septembre 2013 par Valérie Di Chiappari

Avec son joli minois, sa blondeur, sa voix enfantine, sa robe à pois, ses boucles d’oreille en forme de petites pommes vertes et pendentifs cerise ou Playmobil, GiedRé (prononcez “Guiédré”) a tout d’une ingénue ou d’une nunuche, c’est selon. Mais ne vous fiez pas aux apparences ! Cette native de Lituanie (Vilnius, 1985) cache sous ses airs angéliques un petit monstre. Adorable, de mauvais goût ou détestable, là encore, c’est selon.

Car quand elle chante, GiedRé ne fait pas dans la dentelle. Son répertoire est cash et cru. Avec une bonne dose d’humour noir et une pincée de cynisme, elle aborde les sujets les plus sensibles et tabous : le pipi et le caca, la mort, l’aide aux suicides, la prostitution, les enfants kidnappés, les bébés congelés, les SDF, les toxicos, les cancéreux, etc. Et les handicapés. Trois chansons leur sont consacrés : Avec le Sourire, La Bande à Jackie (qui aborde la question de leur sexualité) et Et toc (qui rassemble toutes les autres exclusions : racisme, pauvreté, maladie, etc.).

« Dans mes chansons, je mets tout ce dont les autres ne veulent pas parler. C’est un peu la poubelle des sujets interdits, explique-t-elle. Peut-être existe-t-il une encyclopédie des thèmes que doit contenir une chanson ? En tout cas, elle n’était pas dans la bibliothèque de mon collège et je ne l’ai pas lue ! » N’ayant jamais voulu plaire, ni pour but d’être tendance, elle a « plus envie d’évoquer les gens qui meurent dans leur vomi ou dans la rue, qui n’ont plus de bras, plus de jambes et qui désirent quand même avoir des rapports sexuels, etc. plutôt que les histoires d’amour ». Provocation ? « Réalisme, répond-elle. Ce sont des choses qui existent mais que l’on ne veut pas regarder ! » Des choses violentes que l’on peut aussi exprimer via deux accords de guitare et des mélodies folk.

Une tournée en automne

Ses deux sujets préférés : prostitution et handicap : « Ils me touchent car je m’intéresse à ce que la condition humaine a parfois d’extrême, confie-t-elle. Quand on est handicapé, on n’est pas pareil physiquement. En même temps, comme la prostitution, c’est le hasard de la vie, le destin… et personne n’est à l’abri du handicap. » Ce qui la « turlupine » encore, ce sont les paradoxes de notre société : « On est censé vivre tous ensemble sur Terre, mais ce n’est pas le cas : certains sont moins ensemble que d’autres. Alors comment fait-on pour essayer quand même ? » Terre où, selon elle, sans prostituées, il y aurait plus de problèmes : « Elles sont des assistantes sexuelles, pour valides et invalides. » Précisément, pour les handicapés : « C’est hypocrite que l’assistance sexuelle n’existe pas, qu’on ne l’autorise pas, alors que l’on revendique une sexualité libre et débridée !, estime-t-elle. On va dire : c’est indécent… Et les clubs de vidéos érotiques, les sex-shops qui ont pignon sur rue, ça ne l’est pas ?! » Résolument piquante GiedRé.

En attendant son prochain album (annoncé pour l’an prochain), profitez de sa tournée automnale et sa programmation à l’Olympia en mars 2014 pour découvrir cette fille audacieuse*.

Élise Jeanne – Photo DR

* S’autoproduisant jusqu’alors, elle a sorti un CD dans les bacs en avril dernier : Mon Premier Album vendu dans les vrais magasins, Le Rat des villes.

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Cette chanteuse associe systématiquement le thème du handicap avec ceux de la pauvreté, de la violence sexuelle, de la monstruosité, du caractère inintelligible, du rôle de victime et de cible ou ou contraire de perpétrateur d’injustices, du caractère inéduqué ou parasitaire. Ceci a déjà été fait pour bien des groupes sociaux victimisés dans l’histoire. En effet, elle prétend, de manière bien unilatérale car n’était pas concernée, donner un “portrait réaliste” et “dénoncer’ mais n’est pas Emile Zola qui veut.

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