Sclérose en plaques ; refus d’homologation de Lemtrada® aux États-Unis pour cause d’effets indésirables supérieurs aux bénéfices

Publié le 14 janvier 2014 par Valérie Di Chiappari

L’alemtuzumab (Lemtrada®), un traitement contre la sclérose en plaques rémittente-récurrente autorisé dans l’Union européenne, en Australie et au Canada, a essuyé un refus d’homologation aux États-Unis fin décembre.

L’agence américaine du médicament (Food and Drug Administration, FDA) estime que le laboratoire Genzyme -une filiale du groupe pharmaceutique français Sanofi- n’a pas fourni la preuve que les bénéfices de Lemtrada® dépassent les risques d’effets indésirables graves.

L’agence souhaiterait ainsi de nouveaux essais cliniques, et notamment des essais comparant Lemtrada® à d’autres traitements que l’actuel comparateur (l’interféron bêta 1a, Rebif®), avec des modes d’action différents. Ce qui repousse d’emblée une nouvelle demande d’autorisation de plusieurs années.

Absence d’essais en double aveugle

Dans un communiqué de presse, Genzyme indique son désaccord avec la décision de la FDA et annonce vouloir faire appel de cette décision. Celle-ci n’est pas tout à fait inattendue : en novembre 2013, un comité consultatif de la FDA s’était déjà montré très critique vis-à-vis des données issues des deux essais pivots. Il reprochait au laboratoire français de ne pas avoir mené des essais en double-aveugle (dans ces deux essais, les patients et les médecins savaient quel était le traitement reçu), ce qui induit « un biais que ne peut corriger aucune analyse statistique ».

Ces deux essais « apportent plus de questions que de réponses » écrivait ce comité en novembre, qui non seulement jugeait critiquables les preuves d’efficacité sur le taux de récidives mais estimait que « collectivement, ces deux études donnent plus de preuves d’inefficacité que d’efficacité de l’alemtuzumab sur le handicap ».

En France, un médicament proposé uniquement aux patients avec des formes très actives de Sep

Pr Sandra VukusicLe Pr Sandra Vukusic (photo ci-contre), du Centre de coordination Edmus pour la sclérose en plaques (CHU de Lyon), éclaire la situation : « Les deux essais évaluant l’efficacité de l’alemtuzumab sont tous deux des essais d’excellente qualité méthodologique, qui ont montré une efficacité supérieure sur les poussées, plus discutable sur la progression du handicap à deux ans, en comparaison à un traitement actif par l’interféron bêta le plus dosé, et non pas en comparaison avec du placebo. »

Cependant « des effets indésirables, en particulier un risque accru de voir survenir d’autres maladies auto-immunes, notamment de la thyroïde, ont été mis en évidence, nuance-t-elle. C’est la raison pour laquelle ce traitement ne sera proposé en France que chez des patients avec des formes particulièrement actives de sclérose en plaques, après avoir, au cas par cas, pesé la balance entre les effets bénéfiques attendus sur la Sep et les effets indésirables possibles. » Pour autant, « malgré les risques, cet enrichissement de l’arsenal thérapeutique est une avancée dans la lutte contre la maladie, qui devrait permettre de stabiliser de nouveaux patients », estime la spécialiste. « C’est probablement l’interprétation de cette balance entre les bénéfices et les risques qui a été différente aux États-Unis par rapport à l’ensemble des autres pays qui ont déjà autorisé la commercialisation de l’alemtuzumab.

Adélaïde Robert-Géraudel – Photo Julia Beaumet

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