La galère de Philippe Aubert, étudiant dépendant, privé de ses aides financières

Publié le 29 mai 2014 par Axelle Minet

Voici le SOS d’un homme en détresse. Philippe Aubert, infirme moteur cérébral de 34 ans, totalement dépendant, s’est résolu à lancer un appel à l’aide. Cet étudiant, qui finit son master 2 de sociologie, et sa famille se trouvent dans une situation financière extrêmement difficile, suite à un imbroglio administratif. Pendant près d’un an et demi, Philippe Aubert a été privé de ses droits à la prestation de compensation du handicap (PCH).

Faire Face : Quelle est l’origine de vos problèmes financiers ?

Philippe Aubert : Je ne peux absolument rien faire seul. Ni me laver, ni me nourrir, ni m’habiller, ni même parler… Je suis monsieur Ni-Ni. Cela ne m’empêche pas de poursuivre mes études et de vouloir vivre le plus possible en autonomie. La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) m’avait accordé une aide humaine 24 heures sur 24, au titre de la PCH. Je bénéficiais de ce service au sein de la résidence universitaire de Nanterre.

Mais une modification purement administrative du statut de cette résidence a entraîné un changement dans le montage qui avait été mis en place. Avant que mes droits ne soient rétablis, ma famille et moi avons dû faire l’avance des salaires et des charges sociales pendant seize mois. Avec 4,5 employés équivalent temps plein, la facture grimpe vite. Tout cumulé, cela représente plus de 100 000 €.

FF : Où en êtes-vous aujourd’hui ?

P.A. : Mes droits ont été rétablis en janvier 2014. Mais il y a un triple problème. D’abord, la MDPH des Hauts-de-Seine (92) m’a accordé la PCH au titre de l’aide humaine mais n’a pas pris en considération mes autres besoins, la mobilité notamment. Ensuite, les sommes avancées par ma famille n’ont pas été remboursées par le conseil général. Enfin, ce dernier considère, à tort, qu’il m’a trop versé à une période et récupère cette somme sur ce qui m’est accordé chaque mois. Résultat : la priorité étant de rémunérer mes auxiliaires de vie, je n’ai pas payé le loyer de ma résidence universitaire et suis sous le coup d’une procédure d’expulsion.

Mes parents ont, eux aussi, fait passer les salaires avant le reste, notamment le paiement de l’emprunt de leur logement et de leurs impôts. Notre maison de famille en Bretagne, spécialement aménagée à nos frais, a été vendue aux enchères pour éponger ces dettes et leur domicile des Yvelines a failli l’être.

FF : Que réclamez-vous ?

P.A. : Je me bats depuis plus de trente ans pour avoir le droit d’exister. Et au moment où je trouve suffisamment d’assurance pour penser mon avenir professionnel et social, on me dit : « Non…non…tu n’es pas des nôtres ! »

Je réclame la régularisation de ma situation administrative et financière. Je demande à pouvoir obtenir une vraie évaluation de mes besoins en fonction de mon projet de vie. Mais j’ai d’abord et surtout besoin du soutien de toutes les personnes indignées par ce qui m’arrive… et arrive à d’autres. J’ai besoin de sortir de mon isolement. Je souhaite mener un combat contre l’ignorance qui domine encore trop souvent en France autour des personnes en situation de handicap. Propos recueillis par Franck Seuret – Photo DR

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Facebook, créée par des proches de Philippe. Ils ont également lancé une pétition signée par plus de 21 000 personnes.


Un reportage diffusé sur France 2, en 2012, avant la suspension des droits.

 

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