Bientôt 15 % de la population française dans la pauvreté

Publié le 2 juillet 2014 par Axelle Minet

Rendu à la ministre Ségolène Neuville et dévoilé ce mercredi, le 8e rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) tire la sonnette d’alarme : face à la hausse des inégalités et de la pauvreté en France, « la prolongation de la crise entraîne des risques de ruptures sociales ».

S’appuyant largement sur les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ce document dresse un constat accablant – « La période se caractérise par une accélération conjointe des inégalités économiques et de la pauvreté monétaire »– et pointe les risques d’irréversibilité de la situation.

Des pauvres toujours plus pauvres…

À l’exception de la pauvreté en conditions de vie (matérielle), tous les indicateurs de l’Observatoire montrent une dégradation de la situation des plus modestes. La tendance à l’augmentation de la pauvreté, constatée dès le milieu des années 2000, s’accélère depuis 2008 pour toucher 14,3 % de la population : 8,7 millions de Français vivent avec moins de 977 € * par mois en 2011. Sur ce nombre, la moitié doit faire avec moins de 690 € par mois. Ainsi, la pauvreté s’intensifie.

Sans surprise, la misère se concentre là où le chômage est le plus fort. Elle progresse notamment dans le quart nord-est de la France, qui a connu le plus de destructions d’emploi. Autre voyant rouge : le nombre de personnes vivant des minima sociaux a progressé de 20 % en cinq ans pour concerner 2,8 millions de personnes fin 2012. Or, ces allocations (RSA, AAH, etc.), trop faiblement revalorisées, n’ont pas augmenté aussi rapidement que le Smic, observent les auteurs. Pourtant, les bas salaires trinquent aussi : en euros constant, le Smic a baissé en 2010 et 2011.

Et des riches encore plus riches…

À l’autre bout de l’échelle sociale, le niveau de vie des 5 % les plus riches – notons que le rapport de l’Onpes n’utilise pas cet adjectif, lui préférant les termes « aisé » ou « favorisé » – a continué d’augmenter entre 2008 et 2011, essentiellement grâce aux revenus du patrimoine. « Héritages et donations atteignent aujourd’hui le même niveau qu’en 1918 », précise les auteurs. En 2009, le patrimoine moyen des 10 % les plus riches tutoie le million d’euros (914 000 €), soit dix fois la valeur de ce que possèdent les 10 % les plus pauvres.

Bref, les inégalités économiques se creusent dangereusement avec leur corollaire destructeur : l’immobilité sociale. Le rapport de l’Onpes le fait très justement remarquer : « Dans une société inégalitaire où la mobilité sociale se réduit, les personnes les moins favorisées ne sont pas incitées à investir dans leur éducation car la structure de la société et les freins institutionnels les empêchent de progresser dans l’échelle sociale. » Texte Aurélia Sevestre – Photo Sébastien Le Clézio

* Le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian, partageant la population en deux parties égales. En 2011, la moitié des Français vit avec moins de 1 640 € nets par mois, l’autre moitié avec plus.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.