Rassemblés près de l’Assemblée pour dire non à l’ordonnance accessibilité

Publié le 11 février 2015 par Valérie Di Chiappari
Sur la Place Édouard-Herriot, près de l'Assemblée nationale, les manifestants ont crié leur-ras-bol de voir l'échéance d'une France accessible sans cesse repoussée.

À l’appel du Collectif pour une France accessible, quelque 300 manifestants se sont retrouvés tout près de l’Assemblée nationale ce mercredi 11 février 2015 à Paris, jour anniversaire de la loi handicap de 2005. Dix ans après ce texte ambitieux, ils demandent aux députes et sénateurs de ne pas ratifier en l’état l’ordonnance accessibilité du 26 septembre dernier car elle repousse encore les délais et assouplit les règles.

La Place Édouard-Herriot avait des allures d’hémicycle ce mercredi 11 février après-midi, à Paris. À urne et vote mobilisation contre ordonnace accessibilitequelques dizaines de mètres de l’Assemblée nationale, les quelque 300 manifestants ayant répondu à l’appel du Collectif pour une France accessible mettaient leur bulletin de vote dans des urnes circulant parmi eux. Inscrite en noir sur papier rouge, la phrase “Non à l’ordonnance accessibilité, en l’état”. Un vote pour symboliser celui que députés et sénateurs seront bientôt amenés à effectuer lorsqu’il s’agira de ratifier l’ordonnance accessibilité du 24 septembre 2014.

Une porte grande ouverte aux dérogations

manifestant le 11 fevrier 2015 a ParisCette ordonnance, les participants n’en veulent pas en l’état. Elle offre trop de possibilités de dérogations à la loi de février 2005 qui fête aujourd’hui ses dix ans. Ce texte fixait, notamment, à 2015 l’accessibilité des établissements recevant du public (ERP) et des moyens de transport. Mais devant le retard pris en la matière, le gouvernement a mis en place les Agendas d’accessibilité programmée (Ad’ap) et l’ordonnance en fixe les modalités.

Elle repousse ainsi de trois, six ou neuf ans, voire plus, l’échéance d’une France accessible et multiplie les possibilités de dérogations. Un coup porté aux personnes en situation de handicap et à leur famille mais aussi aux personnes âgées, aux usagers de la voirie et des transports publics, aux cyclistes, aux familles…

Une “honte pour la République”

À la tribune, se succèdent les présidents des différentes associations ou fédérations membres du Collectif qui en regroupe plus d’une trentaine à ce jour. Pour Francis Roque de l’Association de défense des polyhandicapés (Adepo), « la coupe est pleine ». Pour Vincent Assante de l’Anphim, « cette ordonnance est anti-démocratique ». Alain Rochon de l’APF y voit, lui, une « déprogrammation en bonne et due forme de la mise en accessibilité de la France. (…) Un blanc-seing confié à tous les acteurs publics et privés qui auraient dû se rendre accessibles avant 2015 et qui ont à présent l’opportunité de ne plus le faire du tout ».

Au nom des personnes âgées et retraités de la Fnapaef, Marie-Thérèse Argenson, sa secrétaire, la manifestants le 11 fevrier 2015 a Parisqualifie de « honte pour la République » et Hugues Vidor, directeur général de la Fédération nationale Adessadomicile de renchérir : « L’accessibilité c’est la liberté de la mobilité, cette même liberté inscrite au fronton de la République. » Pour ceux qui auraient eu envie d’aller boire un petit noir, histoire de se réchauffer, au Café des ministères, de l’autre côté de la place, la liberté de mobilité se trouvait pour le coup tout de suite entravée par un ressaut d’au moins dix centimètres et une porte d’entrée… tellement lourde à tirer.

Un ras-le-bol partagé

Dans la foule, tous déplorent des délais trop longs et martèlent leur ras-le-bol de voir l’accessibilité sans cesse repoussée : « Ça suffit », « Pas question d’attendre encore dix ans » tandis que la sono diffuse Résiste, prouve que tu existes… de France Gall.

Résister, Christian Meistermann, représentant APF du Haut-Rhin, à Colmar, ne fait que ça depuis presque trente ans et l’accident qui l’a rendu paraplégique. Parti tôt ce matin, il voulait être présent aujourd’hui à Paris. « Cette ordonnance c’est comme quand je me trouve en haut d’une rampe d’accès et que, tout à coup, mon fauteuil recule car je n’ai pas bien bloqué le frein. Le bout de la rampe nous est sans cesse refusé. C’est inadmissible. » Les urnes ont viré au rouge. Le rouge vif de la colère. Députés et sénateurs l’entendront-ils ? Texte et photos Valérie Di Chiappari

 

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