La vie des gens : un hommage aux soignants

Publié le 4 mars 2015 par Claudine Colozzi
Françoise, une infirmière libérale iconoclaste, belle incarnation des milliers de soignants dévoués à une population de plus en plus vieillissante et dépendante. ©DR

Pendant un an, Olivier Ducray a suivi Françoise, une infirmière libérale, dans sa tournée La vie des gens affichequotidienne à Lyon. Son documentaire La Vie des gens, en salles ce mercredi 4 mars, brosse le portrait sensible d’une soignante atypique et propose, en filigrane, une réflexion sur le vieillissement et la dépendance.

Ses patients l’appellent « la flèche » ou « l’étoile filante ». Elle, c’est Françoise, infirmière libérale, 35 ans de métier, gouailleuse, énergique, en course perpétuelle contre le temps. Sur sa trottinette, elle parcourt les rues de Lyon et enchaîne les visites chez des personnes pour la plupart très âgées, isolées, plus ou moins grandement handicapées.

Durant une année, le réalisateur a suivi ce personnage haut en couleurs, un peu iconoclaste mais belle incarnation des milliers de soignants se dévouant chaque jour pour une population de plus en plus vieillissante et dépendante. Pour beaucoup de ses patients, Françoise est la seule personne qu’ils croisent dans leur journée animée uniquement par le ronron de la télévision. Tourbillon de vie dans des appartements figés dans les souvenirs, cette infirmière « soigne le moral » comme elle peut, en grappillant, ça et là, quelques minutes supplémentaires sur son emploi du temps surchargé pour partager un café ou déguster une coupe de champagne.

L’infirmière raccroche ses patients au monde des humains

Avec la même douceur déterminée que son héroïne, Olivier Ducray, le réalisateur, nous incite à partager un moment de la vie de ces femmes et hommes délaissés par leur entourage, que seule l’infirmière raccroche encore un peu au monde des humains. Sur la partie médicale, il jette un voile de pudeur pour préserver l’intimité de ces corps qui portent les marques du temps. Ici, c’est une chambre dans laquelle le spectateur n’entre pas ; là, une lumière éteinte ou une conversation entendue à travers la porte d’une salle de bains.

« Qu’est-ce que c’est con de vieillir ! »

Bien sûr, on aimerait en savoir plus sur Simone et Raymond, Georgette, Renée… De ces anonymes attachants dont la spontanéité a plus de force que le plus écrit des dialogues, on saisit des bribes de leur vie d’avant au détour d’une confidence, à travers quelques photos ou bibelots. On perçoit surtout leur immense solitude, leur lassitude, leur effacement progressif. « Faut pas devenir trop vieux. On ne fait plus partie du monde », déplore l’un. « Qu’est-ce que c’est con de vieillir ! », assène une autre.

Françoise, la confidente fugace des vieux jours

Certains professionnels reprocheront peut-être à Françoise ses petites entorses au protocole, sa familiarité, son dévouement au-delà du professionnel. Mais c’est dans ses «  ma chérie », ses petits noms affectueux, son tutoiement, sa manière de les houspiller gentiment que s’épanouit toute l’humanité de cette confidente fugace des vieux jours. Françoise n’est ni dans l’apitoiement, ni dans la compassion. Elle n’élude rien des affres du temps et de la mort prochaine. À sa manière, elle se contente de maintenir ces personnes âgées, parfois handicapées, dans la vie. Elle leur offre le cadeau le plus cher à leurs yeux : rester le plus longuement possible à leur domicile, loin de tout établissement de santé. Claudine Colozzi

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