Philippe Barassat : « Indésirables est plus un film sur la prostitution que sur le handicap. »

Publié le 31 mars 2015 par Claudine Colozzi
En se prostituant, Aldo (Jérémie Elkaïm) se retrouve à aider des personnes handicapées © Zelig Films Distribution

Dix jours après la sortie d’Indésirables, alors que le Sénat a entamé lundi 30 mars la discussion de la proposition de loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel », Philippe Barassat revient sur la genèse de son film. Une œuvre militante en faveur de l’accompagnement sexuel des personnes handicapées.

Faire Face : Pourquoi avoir eu l’idée de tourner un film sur l’accompagnement sexuel ?
Philippe Barassat : Avec mon scénariste Frédéric Le Coq, nous avons eu envie de construire une histoire autour d’un personnage qui, en se prostituant, se retrouve à aider des personnes handicapées. Se donner à des personnes ne se trouvant pas forcément être l’objet de nos désirs constituait pour moi un angle passionnant.

Ce thème me touche et s’inscrit dans mon univers. Cela m’intéresse d’explorer les mystères du désir et de la perversion. Pour moi Indésirables est plus un film sur la prostitution que sur le handicap. Ce qui me semble intéressant dans l’acte de se prostituer, c’est justement cette obligation dans laquelle on se retrouve. Une obligation de désir face à une personne que l’on ne désire pas. C’est dangereux, c’est risqué, c’est terriblement perturbant. Ce métier m’a toujours bouleversé parce qu’il nécessite de l’abnégation, du courage et un esprit d’aventure.

FF : Membre du Strass (Syndicat du travail sexuel), vous militez depuis longtemps pour la reconnaissance de la prostitution. C’est aussi le message que vous souhaitiez passer dans votre film ?
P.B. : Je me bats pour la dignité des personnes qui l’exercent. Quand on voit que la prostitution peut être aussi thérapeutique, je trouve que le combat est louable même si cela peut choquer beaucoup de monde. Il n’y a rien de honteux, ou de laid, à dire que l’accompagnement sexuel entre dans le cadre de la prostitution.

FF : Quel type de regard souhaitiez-vous porter sur la difficulté d’accès à une vie sexuelle pour les personnes en situation de handicap ?
P.B. : Je voulais me défaire de ce regard compassionnel. Si le client paie pour cette aventure sexuelle c’est qu’il ne pourrait y prétendre en dehors de l’argent. Le désir qui l’habite n’est pas partageable dans une relation normale.

FF : Au départ, votre film devait s’appeler Les Dépravés. Pourquoi avoir changé de titre ?
P.B. : Dans mon esprit, “Les Dépravés” trouvaient sa source dans l’origine étymologique du mot “dépravation” signifiant “devenir tordu”, une idée qui me semblait coller avec le handicap. Mais Indésirables me convient bien au final. Beaucoup de personnes, en raison de la crise, du chômage, de la maladie, du handicap deviennent indésirables aujourd’hui dans la société.
Propos recueillis par Claudine Colozzi

 

Comment 2 commentaires

La seule chose vraie dans ce que dit le réalisateur, c’est que l’assistance sexuelle comme il la présente, c’est de la prostitution, c’est à dire qu’une personne (dans 99 % c’est un homme) paie pour qu’une autre personne qui a besoin d’argent (à 80 % c’est une femme), se soumette à ses envies sexuelles.
Philippe Barassat est membre du Strass (combien de membres du Strass sont réellement prostituéEs ?, et son film est un film de propagande.
Non, les personnes handicapées ne sont pas incapables de nouer des relations de séduction. Non, personne ne peut se forcer à avoir du désir. En revanche, pour se protéger, la personne prostituées doit se couper de ses ressentis physiques : la peau, l’odeur, les sécrétions etc. d’inconnus, c’est insupportable. ChacunE peut l’imaginer, ça s’appelle l’empathie.
Et consommer un simulacre de relation sexuelle n’a rien de thérapeutique pour l’acheteur, au contraire. Une petite jouissance mécanique, peut-être, mais aussi une grande solitude.
Le but d’une thérapie, c’est d’autonomiser le patient. Dans le rapport prostitutionnel, il s’agit de fidéliser le « client », c’est un commerce.
La femme cliente de la prostitution est l’exception : moins de 1% des femmes ont acheté du sexe en France. Mettre en scène une femme handicapée qui fait appel à un homme assistant sexuel est malhonnête, mais normal dans une publicité pour un commerce.
Le Strass milite pour la reconnaissance de la prostitution comme métier et aussi du proxénétisme, ne l’oublions pas !
Le travail des abolitionnistes, et des affaires médiatisées, ont mis en lumière les motivations et les actes des clients prostitueurs. Il n’y a plus grand monde pour excuser leur fonctionnement.
Alors, le Strass joue sa dernière carte : l’émotion.
Si les hommes qui souffrent d’un handicap ont droit à des femmes prostituées, on voit mal comment les autres ne l’auraient pas.
Chacun, chacune a plus ou moins de frustrations à gérer, sexuelles ou pas. La vie n’est pas juste. UnE adulte suffisamment harmonieusement construit les supporte, ou les sublime.
Notre société doit-elle réparation aux hommes handicapés en leur fournissant des femmes à utiliser sexuellement ?
Ou doit-elle rendre vraiment les lieux et transports publics accessibles, et permettre la vie sexuelle dans les institutions ?

Avant de réagir à l’article ou au premier commentaire, je préfère aller voir ce film. Pas joué d’avance, car très peu d’écrans: en IdF: Suresnes, Argenteuil, Paris 8ième.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.