Le nombre de demandeurs d’emploi handicapés bat tous les records

Publié le 25 août 2015 par Franck Seuret
Les effectifs de demandeurs d'emploi handicapés ont augmenté presque deux fois plus vite que ceux de l'ensemble des demandeurs d'emploi, depuis 2007. © Pôle emploi

452 000 travailleurs handicapés pointaient à Pôle emploi fin 2014. 9 % de plus qu’en 2013… et 2,2 fois plus qu’en 2007 ! Une progression beaucoup plus rapide que pour l’ensemble des demandeurs d’emploi.

Evolution du nombre de demandeurs d'emploiMais jusqu’où grimpera-t-il ? Le nombre de demandeurs d’emploi handicapés ne cesse d’augmenter.  Selon les derniers chiffres rendus publics en juillet par l’Agefiph, il avait dépassé, fin 2014, le cap des 450 000. Un niveau jamais atteint. En sept ans, ces effectifs ont été multipliés par 2,2. 

Une augmentation de 120 % largement supérieure à celle de l’ensemble des demandeurs d’emploi : + 69 %.

Les demandeurs d’emploi handicapés plus âgés et moins qualifiés

Les travailleurs handicapés en recherche d’emploi cumulent en effet les difficultés. 44 % sont âgés de plus de 50 ans, contre 21 % de l’ensemble des personnes inscrites à Pôle emploi. Seuls 23 % ont au moins le niveau bac (contre 43 %). De plus, 56 % sont au chômage depuis plus d’un an (contre 42 %) et 33 % depuis plus de deux ans (contre 22 %).

Augmentation du nombre de personnes reconnues travailleurs handicapés

Au-delà de ces difficultés spécifiques, l’explosion du nombre de demandeurs d’emploi handicapés s’explique également par la forte croissance du nombre de personnes ayant la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Entre 2008 et 2011 (dernier chiffre connu), il a bondi de 40 %. Cela tient sans doute au vieillissement de la population et au statut refuge que peut constituer cette RQTH en temps de crise.

Certes, le nombre de postes occupés par des salariés handicapés a fortement augmenté depuis 2007, dans le public comme dans le privé, mais cette augmentation reste insuffisante pour absorber la hausse encore plus rapide du nombre de travailleurs handicapés.

Diminution des recettes de l’Agefiph d’année en année

Les besoins d’accompagnement demeurent donc de plus en plus importants. Mais l’Agefiph, l’organisme chargé de favoriser l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap dans le privé, et le FIPHFP, son alter ego pour la fonction publique, disposent de moins en moins d’argent. Les contributions, versées à l’Agefiph par les employeurs ne respectant pas l’objectif de 6 % de travailleurs handicapés dans les établissements d’au moins vingt salariés, ont chuté de 539 millions d’euros en 2010 à 421 en 2014. Idem pour le FIPHFP : de 212 à 131 M€.

Baisse de 15 % du nombre d’établissements versant une contribution à l’Agefiph

« Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette baisse », explique l’Agefiph : les fermetures ou regroupements d’établissements, la baisse des effectifs salariés mais aussi l’accroissement du nombre de sociétés employant des personnes handicapées ou faisant travailler en sous-traitance des entreprises adaptées ou des établissements et services d’aide par le travail. 43 000 lui ont versé une contribution en 2014, contre plus de 50 000 en 2010.

Evolution nombre de demandeurs emploi handicapesEn 2014, hausse du nombre de demandeurs d’emploi handicapés plus faible que précédemment

Seul point positif : le rythme de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi s’est légèrement infléchi, à 9,5 %. Il est passé sous la barre des 10 % après plus de quatre années de croissance à deux chiffres, avec un pointe à + 25 % en 2012 . Maigre consolation… Franck Seuret

Comment 2 commentaires

Dans l’augmentation des postes occupés par des personnes ayant une RQTH, il faut surtout avoir en tête la pression importante au sein des entreprises pour que certains de leurs salariés, déjà en poste, obtiennent une RQTH, afin que globalement l’entreprise atteigne le seuil de 6% de salariés avec handicap. Beaucoup de très grosses entreprises ont agi de cette façon. Par contre, les demandeurs d’emploi ayant une RQTH restent toujours sur le bord de la route. Et le public non averti commence à grincer des dents, osant dire que les personnes ayant une RQTH trouveront plus facilement du travail qu’eux! Je suis la mère d’un jeune handicapé, qui a un contrat précaire, après des mois de chômage sans indemnité. Or mon entourage est persuadé qu’à la fin du contrat actuel, il trouvera facilement un poste (alors qu’il n’a aucun diplôme en raison du refus de l’Education Nationale de l’intégrer après 16 ans). Ils ont oublié les mois de recherche vaine…

Déclarer qu’une reconnaissance TH “constitue un “statut refuge en temps de crise”.c’est colporter l’idée que ce statut est aisé à obtenir et qu’il suffit d’un claquement de doigt pour s’auto-déclarer Handicapé. Sachez qu’un handicap réel et reconnu ne donne droit à une reconnaissance qu’après moult démarches administratives et décisions de commissions, que de même percevoir l’AHH est loin d’être automatique. Dans l’opinion des “valides” déjà cette idée circule que les TH sont des assistés volontaires alors, de grâce n’en rajoutez pas dans les médias ! Quant à dire que c’est un refuge…pensez-vous vraiment que nous soyons handicapés par plaisir ? Je connais peu de personnes handicapés qui se “réfugient”. Bien au contraire la plupart n’ont de cesse de démontrer qu’ils peuvent surmonter leur handicap en ayant une activité professionnelle et qui plus est d’honorer leur mission avec davantage encore de motivation et de conscience professionnelle que bien des “valides”. Ne se réfugient pas qui veut dans le statut de RQTH et cette décision n’appartient en aucun cas à la personne handicapé elle-même,sachez-le en vous documentant.
Brigitte, TH à 80%, en emploi.

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