Anomalies de fermeture du tube neural : un risque de malformations pour les nouveau-nés

Publié le 14 décembre 2015 par Olivier Clot-Faybesse
Parmi les risques liés aux anomalies de fermeture du tube neural : le spina bifida. © Inserm

En Europe, la prévalence des anomalies de fermeture du tube neural n’a pas baissé au cours de ces vingt dernières années. Pourtant, il est recommandé aux femmes souhaitant un enfant la prise de vitamine B9 (acide folique) afin de réduire ce risque pouvant avoir de graves conséquences. Un tel constat suggère un changement de la politique européenne.

Chaque année, près de 5 000 grossesses en Europe sont concernées par des anomalies de fermeture du tube neural. Spina bifida et anencéphalie (malformations du cerveau et du crâne) sont quelques-unes des graves conséquences dont peuvent être atteints les nouveau-nés victimes de telles malformations. Toutefois, ce risque peut être considérablement réduit par la prise de compléments alimentaires contenant de la vitamine B9 (ou acide folique) avant et en début de grossesse. Malheureusement, seule une minorité des femmes le font.

Aucune diminution du nombre de malformations depuis 1991

C’est, en effet, le constat d’une étude hors norme, à la fois par sa taille (11 000 cas de fermeture du tube neural couvrant environ 12,5 millions de naissances dans 19 pays d’Europe) et sa durée (menée de 1991 à 2011). Les résultats, publiés dans The British Medical Journal, concluent à l’absence de diminution des anomalies du tube neural sur une période de vingt ans. Plus précisément, ils montrent une hausse annuelle de 4 % entre 1995 et 1999 suivie d’une baisse de 3 % entre 1999 et 2003 puis une stabilisation pour les années suivantes.

Mais, au final, la prévalence totale des malformations en 2011 est globalement comparable à celle observée en 1991 (9 pour 10 000 naissances). C’est également le cas pour les deux principales anomalies, l’anencéphalie et le spina bifida, aucune baisse substantielle n’ayant été observée pour l’une comme pour l’autre. Pour les chercheurs de l’unité Inserm 1153 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne, Paris), qui ont coordonné ces travaux et pu ainsi évaluer, sur le long terme, le nombre de cas en Europe de malformations de fermeture du tube neural, cette étude observationnelle soulève plusieurs points.

Vers une fortification obligatoire ?

Tout d’abord, les données recueillies permettent de conclure à la faible efficacité des avertissements puisque « les recommandations, la supplémentation volontaire, ou les deux, n’ont pas aidé à faire baisser le taux de prévalence des anomalies de fermeture du tube neural ».
Toujours d’après ses auteurs, les conclusions de cette nouvelle étude « devraient inciter les autorités européennes compétentes à se pencher de plus près sur la fortification obligatoire » ainsi qu’à examiner « la mise en place d’une politique rendant obligatoire l’ajout d’acide folique dans certains aliments de base ». Car, contrairement à de nombreux pays comme les États-Unis et le Canada, il n’existe en Europe aucun programme pour rendre obligatoire l’ajout de vitamine B9 dans la farine ou les céréales. Or, cette démarche assure un apport suffisant d’acide folique pour diviser le risque de malformations de fermeture du tube neural de 50 % sans qu’aucun effet secondaire grave n’ait été constaté à ce jour. O. Clot-Faybesse

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