Mal-logement : pas de bras, pas de villa

Publié le 28 janvier 2016 par Franck Seuret
La Fondation Abbé Pierre pointe les liens à double sens entre la santé des 3,8 millions de mal-logés et l'indignité de leur habitat. ©Fondation Abbé Pierre

Le mal-logement est une question de santé publique, insiste la Fondation Abbé Pierre dans son 21e rapport annuel. Des conditions de vie indigne peuvent en effet aggraver l’état de santé. Quand le handicap ne précipite pas le mal-logement…

Pour bénéficier d’un nouveau cœur, Mme C. devra d’abord trouver un nouveau toit… Handicapée suite à une attaque cérébrale, elle souffre d’une grave insuffisance cardiaque. Elle aurait besoin d’une transplantation mais les médecins refusent de procéder à l’opération tant qu’elle habitera dans cet appartement, suivi dans le cadre du plan local de lutte contre l’habitat indigne. Car son petit F2, à Aubervilliers, n’est pas adapté aux soins de suite nécessaires à cette lourde opération : il est situé au 3e étage sans ascenseur, les escaliers sont étroits (1,7 m de hauteur sous plafond), les murs attaqués par les moisissures causées par des infiltrations d’eau, etc. « Ces conditions de logement pourraient mettre en péril les chances de réussite de l’opération », résume la Fondation Abbé Pierre.

Le mal-logement augmente le risque de tomber malade

« La France est malade du mal-logement », dénonce la Fondation, dans son 21e rapport annuel, rendu public ce jeudi 28 janvier. Elle y pointe les liens entre la santé des 3,8 millions de mal-logés et l’indignité de leur habitat (surpeuplement, humidité, bruit, etc.), voire même leur absence de domicile personnel (plus de 140 000 personnes sont sans abri). De mauvaises conditions de logement augmentent en effet le risque de tomber malade ou, comme c’est le cas pour Mme C., de ne pas pouvoir se soigner correctement. Mais la réciproque est également vraie : « Il arrive trop souvent que les problèmes de santé aggravent des difficultés de logement », souligne le rapport.

Difficile de trouver un appartement avec l’AAH pour seules ressources

Monsieur M. s’est ainsi trouvé pris au piège d’un appartement insalubre et inadapté lorsque son handicap s’est aggravé. « Avant, mon mari marchait à peu près correctement, explique son épouse. Finalement, il s’est retrouvé en fauteuil roulant. On l’a dit au propriétaire, un bailleur privé, mais il n’a pas fait les travaux nécessaires. » Les démarches qu’ils ont effectuées pour trouver un autre logement plus adapté, dans le privé, n’ont pas abouti : ils n’ont pour seules ressources que l’allocation adulte handicapé et pas de garant susceptible de se porter caution. Quant à leur demande de logement social, elle est, jusqu’à présent, restée sans suite : « Il y a très peu de logements adaptés et? quand il y en a, ce sont des logements neufs et le loyer est trop cher. » Pas d’argent, pas d’appartement… Franck Seuret

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