Les rameurs de l’impossible

Publié le 22 mars 2016 par Olivier Clot-Faybesse
L’équipage Row2Recovery : de gauche à droite, Lee Spencer, Cayle Royce, Nigel Rogoff and Paddy Gallagher © Ben Duffy

Affronter sur une modeste embarcation à rame les vagues géantes et les tempêtes de l’Atlantique pendant plus d’un mois et demi. C’est l’exploit qu’a réalisé lors d’une traversée épique l’équipage de Row2Recovery, composé exclusivement de rameurs amputés des jambes.

Ils sont quatre, tous anglo-saxons (américains ou anglais). Cayle Royce, Paddy Gallagher, Nigel Rogoff et Lee Spencer forment l’équipage ayant embarqué fin décembre dernier dans un canot à rames (8 m 60) dans le cadre du Talisker Whisky Atlantic Challenge. L’objet de ce défi ? Une traversée de l’Atlantique au départ de La Gomera (une île de l’archipel des Canaries posée au large de l’Afrique) en direction d’une autre île, lointaine, celle d’Antigua baignant dans les Caraïbes. À la clé, 3 000 miles nautiques à parcourir pour, selon la météo, 40 à 90 jours en mer. Soit la course d’endurance à la rame la plus dure au monde. Ultime précision : à eux quatre, les membres de cet équipage ne possèdent que… trois jambes.

48 jours à ramer, nuit et jour, au beau milieu de l’Atlantique

En effet, ces anciens soldats, victimes d’accidents ou de l’explosion de mines lors du récent conflit en Afghanistan, ont perdu un ou leurs deux membres inférieurs. Loin de s’apitoyer sur leur sort, ils se sont réunis pour constituer l’équipage Row2Recovery (“ramer pour se rétablir”). Avec comme objectif d’être les premières personnes amputées au monde à accomplir cette course et, accessoirement, de vaincre un maximum d’équipage de rameurs valides en finissant devant eux.

Arrivée sous les honneurs à Antigua © Ben Duffy
Arrivée sous les honneurs à Antigua © Ben Duffy

Un double objectif rempli puisque après 48 jours de traversée, les gars de Row2Recovery sont arrivés à Antigua à une remarquable huitième place (sur 26 équipes participantes) au classement général.

Pour cela, ils auront ramé par paires 24 heures par jour (deux heures aux avirons puis deux heures de repos), résisté notamment à deux grosses tempêtes ainsi qu’aux brûlures du sel sur la peau.
En raison de leur handicap, il leur aura fallu, en outre, surmonter une source supplémentaire de fatigue résultant de leur désavantage physique : asymétrie des membres, problèmes d’équilibre qui en résultent et, pour certains, perte de doigts de la main.
Un tel exploit démontre qu’il n’est point besoin d’avoir ses deux jambes pour réaliser l’exceptionnel. Même si le rameur Cayle Royce tempère les choses : « Quand on s’est embarqué dans cette aventure, on ne savait pas vraiment si cela était possible ou pas. » Au final, la récompense est là : « On s’est prouvé à nous-mêmes, mais aussi au reste du monde, qu’il y a une vie après la blessure. » Signalé par O. Clot-Faybesse

À lire le reportage de Johanna Derry sur Vice.com

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