« Effets secondaires », chronique du scandale du thalidomide

Publié le 25 mars 2016 par Corinne Manoury
Un moment de bonheur familial dans un long combat contre un géant pharmaceutique responsable de l'un des plus gros scandales de santé publique du XXe siècle. © Arte

Commercialisé en 1956 avec l’argument d’être sans effets secondaires, le thalidomide a provoqué de graves malformations chez des milliers d’enfants. Arte diffuse ce soir une fiction en deux parties relatant l’histoire de ce scandale de santé publique.

D’emblée le ton est donné. Ce film n’est pas un documentaire. Certes, le thalidomide, commercialisé en Allemagne sous le nom de Contergan, est responsable de malformations chez des milliers d’enfants. Il y a bien eu un arrêt des poursuites contre les responsables pour « culpabilité limitée ». Et les dommages et intérêts payés par le fabricant sont en effet les plus importants de l’histoire allemande. Mais la réalité s’arrête à peu près là. Le reste est de la fiction inspirée du tragique destin de ces familles dont la vie fut bouleversée par un petit comprimé, un sédatif réputé inoffensif que les femmes enceintes pouvaient donc prendre pour régler leurs problèmes de sommeil.

Effets secondaires est l’histoire de l’une d’elles. Paul, brillant avocat, est sollicité sur une affaire de divorce impliquant un enfant affecté d’une sévère malformation. La mère affirme ne pas avoir d’antécédent familial et ne pas avoir bu pendant sa grossesse. Paul renonce donc à défendre son époux qui la juge responsable du handicap de leur petit garçon. Mais lorsque sa propre épouse, Véra, accouche d’une fille présentant des malformations similaires, Paul fait le lien. Les deux femmes ont pris pendant leur grossesse le même médicament, du thalidomide.

https://www.youtube.com/watch?v=iXf7fYYYRR0

Garder ses clients ou défendre sa famille

Paul engage donc des recherches sur la fameuse molécule. Problème, ses plus gros clients sont liés à la firme pharmaceutique fabriquant le médicament. Mais sur l’insistance de Véra, il décide cependant d’engager une action en justice contre elle. Une procédure qui durera plus de huit ans. Huit ans pendant lesquels le couple et leur petite Catherine vont être mis à rude épreuve.

Des hauts et des bas constituent le principal intérêt de cette fiction. Là où elle est sans doute la plus juste. Avec Véra qui se bat pour que sa fille soit la plus autonome possible. Qui reproche à son époux, voyant que la procédure s’enlise, de vouloir négocier des dommages et intérêts. Cruels dilemmes pour lui qui sait que ce procès reste celui de David contre Goliath…

Trop proche ou trop loin de la réalité ?

Car sur d’autres aspects que la vie familiale, Effets secondaires laisse un peu sceptique et manque de finesse. La brutalité, voire la vulgarité, avec laquelle est annoncé le handicap de la petite Catherine laisse sans voix. Cela pouvait-il réellement se passer comme cela à la fin des années 50 ? De même, si la priorité souvent donnée à la recherche de profit n’est plus à démontrer, comme l’ont prouvé ces dernières années les affaires du Médiator et des prothèses Pip, le cynisme des dirigeants de la firme pharmaceutique et de ses avocats semble un peu trop appuyé. Pourtant, dans la réalité, les dirigeants du groupe Grünenthal, qui commercialisait le thalidomide, ont bien mis cinquante ans à présenter leurs excuses. Corinne Manoury

À voir sur Arte ce soir, vendredi 25 mars.
Première partie à 20h55, deuxième partie à 22h25.
Et à revoir jusqu’au 31 mars sur Arte+7

Comment 2 commentaires

Le plus inquiétant est que, au-delà du demi-siècle au bout duquel des excuses ont enfin été présentées, on utiliserait a priori à nouveau cette molécule pour le traitement de certains cancers au Canada et aux USA selon certains articles. J’aimerais que les experts et les médias se penchent un peu plus sur ce sujet. Est-ce bien raisonnable ? Quand on voit les ravages que ce traitement a fait au niveau physique (et peut-être aussi avec d’autres effets secondaires qui n’ont jamais été prouvés), je pense qu’il faut faire preuve de prudence en la matière. J’espère que l’Europe ne va pas tomber dans le piège en réutilisant cette molécule, fût-elle synonyme d’espoir dans le traitement de certains cancers.

bonjour je suis née le 11/01/1947 handicapée en effet ma main gauche n’ a que le pouce de normal les 4 autres doigts sont totalement difformes mon bras est plus petit que l’autre .
je sais que ma mère a pris des médicaments lors de sa grossesse mais elle ne savait pas le nom .Un professeur en rumathologie m’a dit que cet malformation était due a la thalidomide .J’espère que quelqu’un pourra enfin m’informer Merci d’avance .J’aimerai tant savoir d’ou vient cet handicap avant de quitter cette terre .

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