“Avant toi” : mieux vaut être mort qu’handicapé ?

Publié le 22 juin 2016 par Claudine Colozzi
ME BEFORE YOU
Comme dans Intouchables, cette rencontre de deux personnes que tout oppose représente aussi le choc de deux classes sociales, la personne handicapée étant une nouvelle fois du côté des nantis et l'auxiliaire de vie du côté des précaires.

Le film Avant toi sort mercredi 22 juin au cinéma. Adaptée d’un best-seller anglais de Jojo Moyes publié en 2012, cette comédie romantique suscite les critiques d’associations et de personnes en situation de handicap anglo-saxonnes pour la représentation du handicap qu’elle propose : une vie triste et sans issue.

Sortez les mouchoirs ! Une “petite bulle pétillante de légèreté” (sic) débarque sur les écrans français. D’un côté, Lou (Emilia Clarke), une nana ordinaire aux looks improbables et à l’optimisme lourdingue, qui peine à trouver un job durable dans sa petite ville paumée de l’Angleterre. De l’autre, Will (Sam Claflin), ex-trader aux dents longues, ex-sportif accompli accro aux sensations fortes qu’un accident de la circulation a rendu tétraplégique et qui vit reclus dans le château familial. La mission de Lou, recrutée comme auxiliaire de vie de la dernière chance, est de redonner goût à la vie au jeune homme déterminé à mettre fin à ses jours plutôt que de rester cloué dans un fauteuil roulant. Y parviendra-t-elle ?

Une vie indigne d’être vécue

Depuis sa sortie aux États-Unis et en Angleterre, le film s’est attiré les foudres de bon nombre de personnes en situation en handicap et d’associations qui lui reprochent, sous le vernis d’un sympathique bluette sentimentale, de promouvoir une image très négative du handicap. Pour schématiser, la vie en situation de handicap serait une vie indigne d’être vécue, voire une tragédie dont on ne peut s’extraire que par le suicide. The cherry on the cake (1), une histoire d’amour entre une personne handicapée et une personne valide serait vouée à l’échec.

Beaucoup de personnes se sont exprimées via les réseaux sociaux pour dénoncer une vision hollywoodienne offensante et défendre une vision positive de la vie en situation de handicap.

https://twitter.com/bandaidknees/status/735191758686978049

D’autres questions se posent à la vision de ce film qui offre une bien piètre vision de l’aidant. Comme dans Intouchables, cette rencontre de deux personnes que tout oppose représente aussi le choc de deux classes sociales, la personne handicapée étant une nouvelle fois du côté des nantis et l’auxiliaire de vie du côté des précaires. Une vision idéalisée et perverse que résume avec beaucoup d’humour et de pertinence l’activiste Élisa Rojas dans son billet Trop moche la vie : « Le vrai message, le message subliminal est le suivant : mieux vaut être pauvre et “valide” que handicapé et riche, parce que être handicapé c’est vraiment – vraiment – la loose. » Claudine Colozzi
(1) Cerise sur le gâteau.

Couv livre avant toiUn livre inspiré d’une histoire vraie
Jojo Moyes, l’auteur du best-seller Before me (plus de 6 millions d’exemplaires vendus) et du scénario de l’adaptation cinématographique, a expliqué s’être inspirée de l’histoire de Daniel James, joueur de rugby britannique devenu tétraplégique suite à une mêlée qui, en 2008,  a eu recours au suicide assisté. À l’époque, ses parents avaient expliqué que « le jeune homme intelligent d’esprit sain n’était pas prêt à vivre ce qu’il considérait comme une existence de deuxième ordre. » Moins simplificateur que le film, le roman mérite d’être découvert pour autant qu’on soit fan de littérature sentimentale. Il vient de sortir en poche aux éditions Milady.

 

Comment 5 commentaires

Laissons à chacun, valide ou non, sa façon de vivre sa vie. Penser à se suicider à un moment ou un autre, arrive à plein de gens, là encore valide ou non. Aller jusqu’au bout est à respecter, sans leçons de morale à donner. Bon cinéma, en VO de préférence et sans sous-titres. L’anglais est tellement délicieux, qu’ils prennent l’exit ou non.

Bonjour,
Je suis tout à fait d’accord. La vie est fragile et peut basculer d’un jour à l’autre avec une remise en question de ce qui nous a construits. Il me semble que les épreuves auxquelles nous pouvons être confrontés sont des révélateurs de notre caractère. On peut découvrir en soi des ressources qu’on n’imaginait pas ou à l’inverse être anéanti. Chacun fait comme il peut avec ce qu’il est. Evitons les généralités qui, forcément, feront polémique. J’ai vu “Intouchables”, film dont j’ai apprécié l’humour mais pas “Avant toi”. Il y a des vies misérables ou épanouies que l’on soit valide ou handicapé.
Et ça y est les anglais ont voté pour l’exit!

un très beau livre sur la façon de vivre sa vie pour chacun. Libre à soi de préférer mourir plutôt que de vivre handicapee dépendant des autres !

Je suis d’accord ! Arrêtez de cracher sur ce film. Le suicide est envisagé par bon nombre de personnes handicapées. Renier ce film c’est renier cette réalité, c’est refuser à un être humain le droit de mourir. Car mourir est un choix et chacun est libre de le prendre. Le droit de vivre ou de mourir devrait être considéré comme la première liberté fondamentale. Je suis handicapée et je comprends tout à fait quelqu’un qui songerait au suicide pour y échapper. Il faut arrêter de jouer les bisounours, la vie d’une personne en situation de handicap est très compliquée et parfois (souvent) très peu épanouissante. “De second ordre” ne me paraît pas un terme inapproprié pour qualifier la vie d’un grand nombre de personnes handicapées vu les contraintes, les frustrations, les privations de liberté que nous devons supporter chaque jour.

Je suis tout à fait d’accord avec cette pensée, étant handicapé, et ayant été obligé et contraint juste avant l’entrée de l’hiver à quitter la maison ou j’étais sensé y mourir à la vieillesse. Mais le fils de mon épouse qui ne pouvait supporter ma présence dans “sa maison à fait pression sur sa mère pour que je quite la maison (remarié depuis novembre 216 je vis avec cet enfant de 21 ans.): qui me pousse à lui en vouloir car il est sale et négligé, sali la maison en permanence, refuse toute aide domestique, ne participant à rien, et égoïste; Il s’est même permis de me “casser la gueule”, m’obligeant à répondre à ses coups . m’insulte et a menacer sa mère de se tuer si je ne quittais pas la maison. Mon épouse, de peur que son fils ne passe à l’action, m’a demander de quitter la maison en attendant que son fils parte de lui-même. Depuis, il refuse de lui parler. Ce qui m’a poussé à vouloir me suicider. La souffrance physique due à une polyarthrite rhumatoïde sévère avec dépression; additionnée à une douleur m’ont poussé à l’action. J’ai donc tenté la pendaison, après avoir préparé le matériel. Echelle pour monter au grenier, ma corde d’escalade, ayant été guide de haute montagne, et dont je n’ai jamais voulu m(‘en séparer. Et une lampe frontale pour l’installation de la corde sur une poutre. Au petit matin,je suis monté au grenier, j’ai remonter l’échelle, et la corde passée autour du cou, j’ai sauté! Mais à ce moment, ma femme sortait de sa chambre, et je suis tombé sur elle. et la corde s’est détachée à ce même moment ce qui fait que ma pendaison a été un échec. Ma femme à appeler les secours et je suis parti en ambulance aux urgences qui m’ont amener ensuite à l’hôpital de Bavilliers où désormais je vais en visite chaque semaine au CHU de Psychiatrie. En compagnie de personnes ayant réaliser une “T.S. tous plus où moins de mon âge: j’ai 70 ans. J’avoue que ce monde là me déplaît. J’ai donc pris un appartement le plus proche de ce CHU afin d em’y rendre plus facilement. En attendant, je vis dans un studio en demi sous sol où le bruit des canalisations nocturne et diurne me stressent. Je suis en train de rechercher une solution d’Euthanasie, ou de mort assistée ou (suicide assisté) J’ai vu qu’en Belgique on peut pour 25 euros de produit plus 25 euros de frais d’hospitalisation et de visite médicale, passer dune vie complètement inutile par ces souffrances journalières mettre fin à cette vie sans utilité et pleine d’épreuves journalière dues à mon état physique et psychique. Je pense qu’au travers de tout ce que j’ai du endurer dans ma vie vide de sens depuis que j’ai dû arrêter la montagne (qui a été le seul moment agréable de ma vie)depuis, je me suis toujours demandé encore pourquoi je ne suis pas mort en montagne, car après avoir été marié et avoir porté les cornes ma vie n’a plus été la même.. Ce n’est que souffrances physiques continues et depuis cette separation d’un 3 ème mariage, je n’en peut plus. Et pourtant je suis une personne religieuse qui a des principes et des responsabilités au sein de l’église à laquelle j’appartiendrait jusqu’à ma mort. Cette dualité est terrible! Aussi suis-je à la recherche de la solution finale….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.