Inclusion scolaire : « Vingt ans de combat et toujours la galère. »

Publié le 19 septembre 2016 par Aurélia Sevestre
La Fnaseph, qui milite pour l'inclusion scolaire depuis 1996, a été à l'origine de la création du métier d'accompagnant.

Le nombre de jeunes handicapés accueillis à l’école a doublé en dix ans. 77 % d’entre eux fréquentent ainsi un établissement ordinaire. C’est l’un des résultats du combat que mène, depuis 1996, la Fnaseph pour ouvrir l’école et la société civile aux jeunes handicapés. À l’occasion des vingt ans de la Fédération, bilan avec sa présidente, Sophie Cluzel.

Faire Face : Le 23 septembre à Paris, la Fnaseph invite les familles – parents et jeunes en situation de handicap – à venir témoigner sur leur parcours d’inclusion scolaire et sociale. Quelles ont été les grandes avancées, en la matière, des vingt dernières années ?

Sophie Cluzel : Sans aucun doute, le concept d’auxiliaire de vie scolaire (AVS) que nous avons imaginé et développé à partir de 1996 au sein de la Fnaseph. Nous avons été à l’origine de ce statut en élaborant son “cahier des charges”, repris dans son intégralité par une circulaire en 2003. Auparavant, on nous disait : « On veut bien scolariser votre enfant mais il nous faut un accompagnant. » Les familles supportaient la charge financière de ces emplois.

À force de militantisme, nous avons fini par faire reconnaître à l’État que les missions des accompagnants relevaient du service public. En 2003, 3 000 contrats privés ont ainsi été transférés à l’Éducation nationale. Puis, est venue la loi de février 2005 inscrivant l’obligation de scolarisation des enfants handicapés. Aujourd’hui, environ 80 000 personnes travaillent en tant qu’accompagnants.

Sophie Cluzel préside la Fnaseph depuis 2011.
Sophie Cluzel préside la Fnaseph depuis 2011.

Dernière étape en date pour nous, la parution en 2013 du rapport Komites sur lequel nous avons travaillé. Depuis, nous assistons à un début de réponse en termes de professionnalisation des AVS avec la création du Diplôme d’état d’accompagnant éducatif et social (DEAES) et la possibilité, pour ces accompagnants, d’obtenir un poste en CDI.

« La problématique majeure de nos jeunes, c’est la montée en qualification. »

FF : Malgré cela, il y a des ratés à chaque rentrée : absence d’AVS, refus de scolarisation…

S.C : C’est l’intitulé de notre programme d’anniversaire : “Vingt ans de combat et toujours la galère”. Il n’existe toujours aucun service de ressources humaines à l’Éducation nationale pour les accompagnants. Conséquences : des recrutements tardifs, un manque de candidats et des élèves qui, à chaque rentrée, se retrouvent sans AVS…

Ce n’est pas le seul problème. Les accompagnants continuent d’être recrutés sans formation préalable, à temps partiel, au Smic horaire et sans possibilité d’évolution. Le CDI n’intervient qu’après six ans d’exercice. Quelle entreprise impose une période d’essai aussi longue à ses salariés ? La question de la précarité et du turn over n’est pas réglée. Surtout, la problématique majeure de nos jeunes, c’est la montée en qualification. Comment des AVS titulaires d’un DEAES de niveau V, inférieur au bac, peuvent-ils accompagner les jeunes dans le secondaire, voire au-delà ? Nous mettons les jeunes et leurs accompagnants en difficulté.

« Il faut simplifier le mille-feuille administratif. »

FF : Quels vont être les prochains combats de la Fnaseph ?

S. C : Nous continuons de revendiquer la continuité des parcours de vie, de la maternelle jusqu’à l’insertion professionnelle. Il faut simplifier le mille-feuille administratif, qu’on enlève ces fichues barrières d’âge, qu’on arrête de renvoyer les familles vers une multitude d’interlocuteurs.

Surtout, il faut que l’emploi accompagné – qui vient d’être reconnu en France – se mette en place. Il est insupportable que des jeunes ayant fait toute leur scolarité en milieu ordinaire soient obligés de passer par la case travail protégé pour s’insérer. C’est notre prochain combat car les ruptures de parcours, notamment pour les lycéens scolarisés en Ulis ou Ulis pro, sont énormes. Propos recueillis par Aurélia Sevestre

Comment 2 commentaires

IL SERAIT SOUHAITABLE QUE LES HANDICAPES N AIENT PAS A PAYER O ,50 € PAR BOITE DE MEDICAMENT CAR LEUR ORDONNANCE EST PARFOIS ASSEZ CHARGEE .MERCI .

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