« Vous êtes surcompétent, voilà ce que j’entends. »

Publié le 16 novembre 2016 par Aurélia Sevestre
Commercial dans l'industrie musicale, Anthony Ayadi cherche un poste depuis un an. © Aurélia Sevestre

logo-seephAu chômage depuis un an, Anthony Ayadi, 33 ans, doit répondre à des recruteurs qui le disent « surcompétent » avec son bac +5 pour les postes de commercial qu’il convoite.

Son infirmité motrice cérébrale, assure-t-il, n’y est pour rien : depuis sa sortie de l’école de commerce il y a huit ans, Anthony Ayadi a compilé les CDD de six mois à un an sans jamais obtenir d’emploi pérenne. « À chaque fois, cela se finissait par un “on n’a pas le budget”. Mais je n’ai jamais été discriminé du fait de mon handicap. »

Passionné de musique, le jeune homme a commencé à travailler dans ce secteur pendant ses études. Stagiaire dans un label en création, il aide au lancement d’un album de folk. « Une niche ! Mais j’ai touché à tout : gestion juridique des droits d’auteur, lancement de produit, diffusion presse et radio, distribution commerciale. » Son mémoire de master sur les mutations de l’industrie musicale reçoit un gratifiant 18/20.

“Comment peut-il y avoir des limites à la compétence ?”

Malgré ce diplôme et les expériences cumulées depuis, il peine aujourd’hui à retrouver un travail. « C’est un secteur compliqué, a fortiori en tant que personne handicapée : mieux vaut ne pas jouer cette carte-là. J’envoie des candidatures sans le mentionner. Lors des entretiens, les recruteurs voient bien mon handicap mais je n’ai jamais eu à subir des refus à cause de celui-ci. »

Non, l’argument auquel Anthony Ayadi se retrouve confronté reste tout autre : « Vous êtes surcompétent, voilà ce que j’entends ! Surdiplômé, je veux bien l’entendre, mais comment peut-il y avoir des limites à la compétence ? Pour moi, c’est un non-sens. » Le jeune homme, qui n’a besoin d’aucune adaptation de poste pour exercer, constate néanmoins, dans les salons, que les entreprises proposant des emplois aux personnes handicapées recherchent exclusivement des profils « de bac -2 à bac +2 ». Comme si un plafond de verre était imposé par les recruteurs aux travailleurs handicapés… Aurélia Sevestre

 

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