Inégalités de santé : « Je dois faire 40 km pour trouver un ophtalmo accessible. »

Publié le 3 avril 2017 par Franck Seuret
Denis Vuarambon : « Si les professionnels de santé ne sont pas capables de se mettre aux normes alors comment pourrions-nous critiquer un boulanger ou un commerçant qui ne le fait pas ? » © Franck Seuret

PRÉSIDENTIELLE 2017. Denis Vuarambon, atteint de sclérose en plaques, est en colère contre les professionnels de santé qui ne mettent pas leurs cabinets aux normes. Cette inaccessibilité lui complique la vie, coûte cher à la Sécu et creuse les inégalités dans l’accès aux soins.

Mieux vaut être en bonne santé lorsqu’on est handicapé. Denis Vuarambon peut en témoigner. À Thonon-les-Bains, la ville de 35 000 habitants où il vit, aucun des quatre ophtalmologues n’est accessible. Le cardiologue qui a dû le recevoir en urgence, non plus.

Quant à la chambre de l’Hôpital d’Annecy, où il a été récemment admis pour une opération, elle n’était pas non plus aux normes. Les chances de trouver du matériel adapté, « qui se mettent à disposition du patient et non le contraire », sont encore plus minces.

« 40 kilomètres aux frais de la Sécu. »

Le manque d’accessibilité des professionnels médicaux et para-médicaux coûte cher à la société. Denis Vuarambon, atteint de sclérose en plaques, doit faire 40 km pour trouver un ophtalmo dans le cabinet duquel il peut rentrer en scooter électrique et dont les instruments d’optique sont accessibles « sans avoir besoin de se contorsionner ». « Aux frais de la Sécu », insiste-t-il.

Comme il n’est pas en capacité de conduire et que les transports en communs sont inaccessibles, il doit en effet s’y faire conduire en ambulance. À l’hôpital, une infirmière a dû l’aider à se doucher alors que chez lui, dans sa salle de bains adaptée, il fait sa toilette tout seul.

Moins de soins de prévention pour les patients en fauteuil

Plus grave encore, l’inaccessibilité des lieux de soins aggrave les inégalités de santé. Une étude de l’Irdes, publiée en 2015, révèle que les femmes en fauteuil roulant se font moins dépister le cancer du col de l’utérus que les autres. L’écart atteint onze points lorsqu’on compare des patientes présentant le même profil (même niveau de diplôme, de ressources, etc.).

Pourtant, les personnes handicapées vieillissent

Le recours à de nombreux autres soins de prévention est également bien moindre pour les patients handicapés dans leur ensemble. Tout particulièrement pour ceux en fauteuil roulant. Chez ces derniers, à caractéristiques démographiques et sociales comparables, l’écart culmine à vingt-cinq points pour le dépistage du cancer du côlon. Il atteint vingt-deux points pour la mammographie et dix-neuf pour la vaccination contre l’hépatite B !

Un vrai problème puisqu’avec l’allongement de leur espérance de vie, les personnes handicapées « sont désormais exposées aux mêmes pathologies du vieillissement que le reste de la population », notent les auteurs de l’étude.

Le mauvais exemple

Et puis, peste Denis Vuarambon, les médecins, kinés et autres professionnels de santé prennent le problème à l’envers. Ceux dont le cabinet n’est pas accessible lui assurent que ce n’est pas grave car ils peuvent se déplacer à domicile. Mais cette solution limite son choix et le place en position de dépendance. « Je leur ai dit : “Dans ces conditions, vous venez tous effectivement à la maison et moi, je ne sors plus !” » Franck Seuret

Comment 5 commentaires

Oui, étonnante situation de 4 ophtalmos qui ne seraient pas accessibles dans une ville de cette importance. Quand ces cas sont relatés et peu importe le média, je me pose toujours la question: ces “commerçants” ont-ils déposé un AdAp et si oui, avec quel résultat? Ils existent des situations où la mise en accessibilité est quasi impossible: cas courant dans les HLM à 3 étages, sans ascenseur et pour des praticiens qui y sont installés depuis longtemps. Je sais, l’APF entre autres, conteste telle ou telle dérogation dans cette loi, mais le praticien n’ira pas au delà des textes. Idem pour les commerçants en général.Dans mon militantisme de base, hors assoc, je pose la Q au gestionnaire et/où je m’adresse à la mairie qui ont des obligations pour par exemple tenir à jour une liste des ERP (privés et publics) sur l’accessibilité. l’action est là et pas par les paroles…paroles.

Nous avons créé des centres d’ophtalmologie à Albertville et désormais à Contamine sur Arve (entre Bonneville et Annemasse) dans lesquels des salles ont été spécifiquement aménagées pour recevoir les personnes à mobilité réduite mais aussi tous les patients quelque soit l’âge, la mobilité, l’éventuel handicap.
L’accès est de plein pied depuis le parking, gratuit et spacieux, les couloirs sont larges, les salles d’attente confortable, la salle aménagée d’une table de consultation spécifique et d’un fauteuil déplaçable pour installer une personne en fauteuil roulant ou en brancard.
La consultation se fait en secteur 1, les délais de prise de rendez vous sont très courts (quelques jours), grâce à notre organisation. Par téléphone 04 80 160 660 ou par internet http://www.medicoeil.com
En espérant vous avoir apporté une solution utile.

Bonjour,
Nous avons le mème souci qui a un FRE permobil C 500.on nous avait dit qu’à Ponchtaillou à Rennes ce serait bien , eh bien ,ils sont complètement à la ramasse niveau matériel . C’est vieux et totalement inadapté .En plus ,on n’y a passé L’après midi juste pour une consultation,il a fallu retourner pour un champ visuel ah ben là ,c’était le pompom. Et Le médecin ne nous a pas donné de compte rendu.bref si quelqu’un connait un ophtalmo accessible en FRE c’est à dire que l’on puisse rester dans son fauteuil pour tous les examens ,merci de me donnes vos infos.
cordialement

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