Les traumatismes sont-ils héréditaires ? À voir sur Arte

Publié le 1 septembre 2017 par Corinne Manoury
Plusieurs niveaux de transmission intergénérationnelle des traumatismes ont été identifiés.© Arte

S’il est communément admis que les drames vécus par les parents influencent le comportement de leurs descendants, l’idée d’une incidence sur le génome s’avère bien plus surprenante. C’est néanmoins l’une des pistes explorée dans le documentaire Traumatismes, sont-ils héréditaires ? diffusé sur Arte samedi soir. Un état des lieux sur la recherche, entre science et psychologie.

Des descendants des survivants de la Shoah manifestant une grande anxiété, se mettent à faire des cauchemars après les récents attentats en France. Comme si une menace était imminente… Un psychanalyste juif ayant grandi en Algérie en pleine guerre d’indépendance qui, comme ses frères et sœurs, a développé toutes sortes de symptômes – dépression, boulimie, dyslexie – avant d’apprendre, à 40 ans, que son père avait été déporté. Et de comprendre que sa dyslexie trouvait peut-être son origine dans le destin de son grand-oncle. Mort pendant la Grande guerre, cet homme était le seul de trois frères à savoir lire et écrire.

Au moins trois niveaux de transmission transgénérationnelle

Katerine a fait de son arbre généalogique un projet artistique et thérapeutique. © Arte

Voilà des témoignages étonnants qui ponctuent le documentaire de la réalisatrice allemande Liz Wieskerstrauch sur la transmission transgénérationnelle des traumatismes. Un documentaire ne se limitant pas à l’état des connaissances en psychologie sur ce sujet, mais abordant aussi les recherches menées en neurologie et en génétique.

Car pour Andreas Krüger, psychiatre pour enfants à Hambourg, il existe au moins trois niveaux de transmission transgénérationnelle. Outre des mécanismes inconscients et une transmission des maladies du stress, comme celle du trouble de stress post-traumatique de la mère à l’enfant, il y aurait un niveau plus profond, épigénétique, qui affecterait les mécanismes de régulation du stress.

L’épigénétique comme interrupteur des gènes

Par épigénétique, les chercheurs entendent l’ensemble des informations environnementales reçues par nos cellules pour faire une lecture différenciée de notre ADN. Alors que notre patrimoine génétique est le même d’une cellule à l’autre, les gènes ne s’expriment en effet pas de la même façon dans notre foie ou notre peau.

Il existerait donc des sortes d’interrupteurs, allumés ou éteints, en fonction du contexte. La famine aurait ainsi des conséquences sur l’espérance de vie des descendants de ceux qui en ont souffert. L’hyperactivité pourrait également avoir une origine épigénétique.

Sous l’effet du stress, les souris développent des comportements différents. © Arte

Des effets du stress sur les souris

Or, l’état embryonnaire est particulièrement propice à la transmission de ces marqueurs épigénétiques. À l’institut de biologie de Magdebourg, des chercheurs s’intéressent ainsi aux effets du stress sur des souris et leurs descendants. Ils ont montré que les femelles stressées quelques temps avant l’accouplement perdaient une grande capacité de transmission des informations. Une zone du cerveau sensible aux interactions sociales en serait particulièrement affectée chez les souriceaux. Ils ont aussi mis en évidence des comportements différents dans une fratrie, les mâles devenant moins peureux au contraire des femelles.

À l’institut de psychiatrie Max Planck de Münich, un programme de recherche concerne, lui, les conséquences des traumatismes sur l’expression des gènes. Un gène en particulier a été identifié. Impliqué dans la régulation du stress, il engendre une réponse excessive et prolongée en cas de dérèglement. En outre, une mutation de ce gène est observable chez les descendants de la Shoah.

Soigner les blessures pour casser la transmission

S’il n’est pas toujours simple à suivre – notamment sur les expérimentations – ce documentaire porte le message salutaire d’une urgence à soigner ces blessures de l’âme. Car si elles ne sont pas héréditaires au sens strict du terme, elles sont bien une forme de transmission de caractères acquis que plusieurs générations pourront porter en cicatrice. Et pour Andreas Krüger, elles amèneront des individus à être « moins satisfaits d’eux-mêmes, moins capables de puiser dans leur potentiel ». Corinne Manoury

À voir sur Arte samedi 2 septembre à 22h15 ou à revoir sur Arte+7

Comment 5 commentaires

Toute la souffrance infligée à nos frères inférieurs au nom de la science,pour le bien de l’Homme , depuis des lustres …personnellement ça me traumatise pas mais ça génère une certaine souffrance psychique .Mais , si on m’obligeait à regarder de mes yeux tout cela et en étant physiquement présente dans le laboratoire et bien je crois que là ,au bout de quelques semaines ou mois ;je serais pour le coup réellement traumatisée !

“Entre science et psychologie”. C’est très insultant pour la communauté des psychologues. La psychologie est une science.(ni pseudo ni molle ni quoique ce soit)

Etant donné l’orientation et le public de ce site, ce serait intéressant d’intégrer cette notion et d’éviter de décrédibiliser une discipline et un corps de métier.

(J’ai conscience que les médias favorisent grandement cette confusion mais c’est réellement très énervant et ca cause vraiment du tort à la profession)

Ce n’est pas en s’enervant qu’on avance car l’expérience tend à prouver que Freud n’a pas toujours raison .
J’ai 15 ans de psychothérapie derrière moi,cela m’a aidé sur certains points,mais la thérapie Festen que je suis en train de faire me prouve qu’il y a plus efficace que la psychologie Freudienne.

Veuillez retirer SVP cet article qui ne constitue en aucun cas une source scientifique ,c’est insultant pour les personnes sujettes aux troubles Dys.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.