Des commotions répétées à l’adolescence augmentent le risque de sclérose en plaques

Publié le 15 septembre 2017 par Olivier Clot-Faybesse
Développement cérébral
Analyse des populations des cellules neuronales dans le développement du cortex cérébral. © Inserm/P. Dollé

Les résultats d’une récente étude scientifique soulignent l’existence d’un lien entre le fait d’avoir été victime jeune de commotions cérébrales et la sclérose en plaques. En effet, des traumatismes crâniens répétés pendant l’adolescence accroissent le risque ultérieur de déclencher la maladie.

Les enfants, c’est bien connu, sont turbulents et casse-cou. Entre les chutes et autres maladresses, leur corps se retrouve régulièrement meurtri. Plus particulièrement la tête, souvent heurtée. Cependant, il est a priori difficile d’imaginer que des chocs violents reçus au cerveau pendant sa jeunesse puissent avoir une incidence sur l’apparition, une fois adulte, d’une sclérose en plaques (Sep).

Pourtant, c’est exactement ce que démontre une étude menée en Suède. Ses résultats viennent d’être publiés dans le numéro de septembre d’une revue médicale internationale de langue anglaise, Annals of Neurology. Comment donc les chercheurs s’y sont-t-ils pris pour examiner un éventuel lien entre le nombre de commotions cérébrales subies jeune et la survenue de la Sep ?

Le risque de sclérose en plaques va de pair avec le nombre de commotions

En épluchant le registre national des patients suédois depuis 1964 jusqu’à 2012. Soit sur une période de 48 ans ! Ainsi, pas moins de 7 292 cas d’enfants (jusqu’à 10 ans) et d’adolescents (de 11 à 20 ans) admis à l’hôpital à la suite d’une commotion cérébrale ont retenu leur attention.

Pour chacun de ces deux groupes, le risque de Sep a été évalué une fois leurs membres devenus adultes. Les données obtenues sont sans équivoque. Les adolescents ayant subi un traumatisme crânien voient le risque de développer une Sep à l’âge adulte accru de 22 %. Pour ceux qui ont en ont subi deux ou plus, ce risque double quasiment. En revanche, aucun rapport entre commotions pendant l’enfance et Sep à l’âge adulte n’a été mis en évidence.
Pour expliquer ce lien entre traumatisme cérébral et Sep, ainsi que la différence observée entre enfants et adolescents, deux pistes distinctes sont évoquées.

Des chocs répétés à la tête stimulent le système immunitaire

Chez l’adolescent, le traumatisme crânien initierait un processus d’auto-immunité dans le système nerveux central. Avec comme conséquence une attaque de la myéline, le constituant de la gaine protectrice des fibres nerveuses et, à terme, sa destruction. Alors que chez l’enfant, la vitesse et l’intensité du développement cérébral (marquées à cette période) préviendraient des conséquences différées des commotions.

Pour autant, pas d’inquiétude à avoir. Ce n’est pas parce que l’on s’est, adolescent, cogné fortement la tête à de multiples reprises que la Sep guette à l’âge adulte. En effet, cette maladie a des origines multifactorielles. C’est à dire qu’elle résulte d’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux.

Néanmoins, ces travaux soulignent la nécessité de protéger les adolescents des commotions. Le port d’un casque lors de leurs activités sportives préférées (vélo, roller, skate-board, ski, etc.) représente une aide pertinente pour limiter les chocs violents à la tête. O. Clot-Faybesse

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