Festival Regards Croisés : un palmarès sensible et optimiste

Publié le 13 novembre 2017 par Valérie Di Chiappari
Nicolas, acteur, lors de la remise du prix du jury au festival Regards Croisés. Son métier : proposer des pièces de théâtre à domicile dans le nord de la France. © Pierrick Panier

À l’issue du festival de courts métrages métiers et handicaps Regards Croisés, vendredi 10 novembre, 12 des 55 films en compétition ont reçu une récompense. Le palmarès reflète la diversité autant que l’humour, la sensibilité et l’optimisme des œuvres présentées.

Les applaudissements sont nourris. La salle bien remplie. Vendredi 10 novembre, au cours d’une soirée très éloignée des ambiances austères et compassées des cérémonies des Césars, le Palais du grand large à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) accueille la cérémonie de remise des prix de la 9e édition du festival de cinéma Regards Croisés.

Le mot d’ordre de ces trois jours, ouverts pour la première fois au grand public : le handicap n’empêche pas le talent. Au vu du film ayant reçu le grand prix du jury, il n’empêche pas non plus la détermination forcenée.

Une force surnaturelle

“Break a leg” est l’expression anglaise utilisée pour souhaiter bonne chance à une personne avant qu’elle entre en scène. C’est aussi le titre du film qui emporte ce trophée suprême. Il raconte l’histoire de Nicolas, acteur qui propose des pièces de théâtre à domicile dans le nord de la France. Il faut à cet homme visiblement en très mauvaise santé une force surnaturelle pour continuer à faire ce métier qui le maintient en vie.

Il confie d’ailleurs, dans le court métrage, que seul le théâtre lui apporte « cette grâce de pouvoir [se] projeter ». Une phrase d’autant plus forte que peu de temps auparavant, il annonce que « la mort est entrée dans la danse ». Une vie fragile, mise en mots et en images, dans un film fort.

Son réalisateur, Pascal Roy, exprimait à l’issue de la cérémonie sa « grande joie de mettre Nicolas en avant ». Il se félicitait que son parcours de vie autant que sa performance d’acteur aient été salués.

Double récompense pour Les Équilibristes

Autre gros succès, Les Équilibristes d’Olivier Braunstein Fred Bellido. Un film deux fois récompensé, par le jury des professionnels et le jury jeune. Ce dernier, composé de huit élèves du lycée malouin Jacques-Quartier, dans la catégorie communication d’entreprise. Lors de la projection quelques heures auparavant, les spectateurs l’avait aussi très chaleureusement acclamé.

On y voit un metteur en scène et des acteurs tenter de travailler en dépit de handicaps divers, un film enlevé et empli d’humour.

Outre le monde du spectacle, les courts métrages ont aussi illustré, parfois avec poésie, comme dans Au Suivant, un film muet couronné pour la catégorie milieu protégé, les difficultés de recherche d’emploi. À l’honneur également, la résilience comme dans Carpe Diem, primé pour la section documentaire autres regards. Sophie Massieu

«C’est le destin de l’être humain de ne jamais cesser de grandir. »

Faire Face : Comment se sont déroulés les débats au sein du jury de Regards Croisés ?

Radu Mihaileanu : Beaucoup de bons films ont dû être laissés de côté. Malgré tout, les choix se sont avérés assez simples. Le grand prix du jury a suscité plus de débats que les autres récompenses… Nous avons choisi de montrer avec ce prix une grande volonté de vie et d’échange. Cet homme à qui l’on a cassé les jambes vient nous offrir, par le théâtre, de l’amour. Et ce faisant, il s’octroie des moments de vie incroyables.

FF : Vous avez dit en remettant le prix du jury que ce festival vous avait fait grandir…

R.M : C’est le destin de l’être humain de ne jamais cesser de grandir. Et après une journée comme celle-ci, emplie d’humanité, d’intelligence, de solidarité, oui j’ai grandi… On m’avait prévenu ! Je me suis pris une grande claque. Je m’attendais à apprendre des choses que je ne connaissais pas, mais je ne prévoyais pas une telle vague d’intelligence. Je parle de l’intelligence du regard de l’autre et du vivre ensemble.

FF : Si vous deviez ne retenir qu’une seule chose après avoir visionné ces 55 courts métrages ?

R.M : Ce serait un message très positif. La force vitale issue des combats menés par les personnes handicapées et leur entourage. Et ce quelles que soient leurs difficultés ou leurs douleurs.

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