Et l’emploi des jeunes diplômés handicapés ?

Publié le 15 novembre 2017 par Corinne Manoury
Tutorat, partenariats avec des entreprises, suivi régulier... : autant de mesures pour permettre aux étudiants handicapés d'être accompagnés dans l'enseignement supérieur et d'améliorer leur insertion professionnelle. © G. Loucel

Inciter les jeunes à poursuivre leurs études. Les aider à effectuer des stages dans de bonnes conditions, en France et à l’étranger… Ce sont quelques-unes des activités d’un chargé de mission handicap dans l’enseignement supérieur. Explications avec Xavier Quernin, qui occupe ce poste à UniLaSalle, école d’ingénieurs, et anime le groupe Handicap de la Conférence des grandes écoles. Il intervenait lors de la conférence inaugurale de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées.

Faire Face : Quel est le quotidien d’un chargé de mission handicap dans une grande école ?

Xavier Quernin : Mon activité s’organise autour de trois axes. D’abord, l’accompagnement individualisé des étudiants en situation de handicap. De leur participation aux journées portes ouvertes de l’école – me permettant d’anticiper les aménagements pour la rentrée – jusqu’à leur insertion professionnelle.

Cela concerne les cours, les examens, les écoles de terrain – car en géologie, on se déplace en montagne, par exemple – mais aussi le logement et la vie étudiante. À Beauvais, en effet, nous avons un campus à l’américaine avec 1 000 chambres sur site.

Toutes les associations étudiantes ont un référent handicap et l’accent est mis sur l’accessibilité des temps de vie d’équipe et les événements, nombreux.

Le deuxième est la sensibilisation au handicap et le troisième, la communication. En interne et en externe avec, notamment, la promotion de nos formations auprès des filières de l’enseignement secondaire. Trop de jeunes en situation de handicap hésitent à poursuivre leurs études. C’est pourquoi nous sommes aussi engagés dans le programme Phares de la Fédéeh permettant à des lycéens d’être tutorés par des élèves de l’enseignement supérieur.

FF : Quelles actions spécifiques menez-vous dans le domaine de l’emploi ?

X.Q : Nous avons établi des partenariats avec des entreprises soutenant la formation des étudiants handicapés à travers des stages, de l’apprentissage, des emplois. Mais aussi en participant au financement de la dynamique inclusive de l’école, les adaptations et l’accompagnement.

Questions et réponses cash sur l’emploi et le handicap

Ces entreprises viennent aussi répondre aux questions des étudiants. Des questions que je demande aux étudiants de poser “cash”. Par exemple : « Est-ce que la RQTH ne va pas être un frein à mon évolution professionnelle ? » Les entreprises s’engagent à y répondre tout aussi “cash”.

Ensuite, pour l’insertion professionnelle, c’est un accompagnement global avec toute l’équipe pédagogique – le service emploi, les ressources humaines… – et les référents handicap. Des conseils sur la RQTH, sur la façon de parler du handicap… Et, avant d’être en dernière année, je fais tester des logiciels aux étudiants. Pour qu’ils arrivent en entreprise avec une proposition d’aménagement.

FF : Qu’est-ce que le statut international d’étudiant en situation de handicap ?

X.Q : C’est une proposition de la Conférence des grandes écoles avec la Fédéeh et Hanploi CED. Elle vient du constat de nombreuses difficultés rencontrées par les étudiants lors de stages ou de semestres académiques à l’étranger. Des problèmes de transports, de médicaments ou de matériel médical. Mais aussi des problèmes pour utiliser les transports adaptés, pour la vie quotidienne…

Au Québec, par exemple, des étudiants n’ont pas pu se faire rembourser des soins de kinésithérapie car cela relevait là-bas de la physiothérapie. Nous avons donc demandé au gouvernement de porter cette proposition auprès de l’Onu dans le cadre de l’examen périodique universel qui aura lieu en janvier 2018.

Mesures diplomatiques, médicales, financières et administratives

C’est un ensemble de mesures concrètes s’articulant autour de quatre axes : diplomatique, médical, financier et administratif. Par exemple, la mise en place d’un référent handicap dans chaque ambassade ou consulat. Ou la création d’une valise thérapeutique – sur le modèle de la diplomatique – pour acheminer les médicaments.

Ce statut répond aussi aux demandes des entreprises. Il est en effet essentiel pour les étudiants d’avoir une expérience à l’étranger pendant leur cursus. Or, cela peut se révéler compliqué. Un grand groupe nous a signalé le cas d’un autiste Asperger accueilli dans une de ses filiales à Londres. Il a offert aux parents deux semaines de vacances pour l’aider à s’installer. Cela n’aurait pas été possible dans une petite entreprise.

FF : Outre ce statut, quelles mesures pourraient encore faciliter l’insertion des jeunes diplômés handicapés ?

X.Q : J’ai rencontré récemment une start-up, Lemon Adds, œuvrant notamment à l’insertion des travailleurs handicapés dans d’autres start-up. C’est une piste de travail intéressante. Certains de nos étudiants, en effet, sortent de l’école avec une créativité développée et d’autres envies que celle d’intégrer un grand groupe.

En plus de l’innovation, les start-up leur offrent aussi la possibilité d’avoir plus de responsabilités. Il y a donc des choses à faire pour que les jeunes diplômés en situation de handicap soient plus nombreux à pouvoir les intégrer. Propos recueillis par Corinne Manoury

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