Aidants familiaux : le don de jours de congé à défaut de solidarité nationale

Publié le 8 décembre 2017 par Franck Seuret
Le don de jours de congé à des collègues aidants n'est pas une réponse à la hauteur du véritable enjeu de société que représente la question de la dépendance.

L’Assemblée nationale vient d’adopter un texte autorisant les salariés à donner des jours de congé à un collègue, aidant familial d’une personne handicapée ou âgée. Ou quand la solidarité individuelle doit combler les lacunes de la solidarité nationale.

Solidarité ou charité ? La proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale, jeudi 7 décembre, fait débat. Le texte assure aux salariés d’une entreprise le droit de donner des jours de repos non pris à un autre salarié, aidant d’une personne dépendante. Cette opportunité avait été introduite dans la législation française en 2014. Mais le don ne pouvait jusqu’alors bénéficier qu’aux parents d’enfants gravement malades. La proposition de loi de Christophe Paul (Union des démocrates radicaux et libéraux) l’étend donc aux aidants de « personnes atteintes d’une perte d’autonomie d’une particulière gravité ou présentant un handicap ».

Congé de proche aidant ni rémunéré ni indemnisé

Les salariés ont déjà la possibilité de prendre un congé de proche aidant. Mais il « n’est ni rémunéré ni indemnisé, ce que l’on peut regretter, a souligné Christophe Paul, durant les débats. De fait, beaucoup de personnes ne peuvent se permettre de le prendre. » D’où sa proposition de loi.

Le travailleur qui bénéficie d’un don de jours de congé verra sa rémunération maintenue durant son absence. « J’ai parfaitement conscience du fait que le texte ne va pas résoudre tous les problèmes que connaissent les aidants aujourd’hui », reconnaît toutefois le député.

« Il y a besoin d’une solidarité nationale. »

D’autres élus ont poussé la critique plus loin. Comme Pierre Dharéville, du Parti communiste : « Il y a besoin d’une solidarité nationale sur cette question, la solidarité est ici individuelle et aléatoire au lieu d’être collective et mutualisée. » Sans oublier le risque de « culpabilisation » entre collègues de travail.

Une analyse que partage Véronique Bustreel, la conseillère ressources de l’APF. « Ne faudrait il pas davantage de solidarité nationale, mieux penser la qualité de vie au travail et non pas seulement faire reposer un sujet de société sur une solidarité horizontale ? », a-t-elle tweeté.

Le Parti communiste et la France insoumise s’abstiennent

Le texte a été adopté à l’Assemblée nationale à une large majorité. Tous les députés présents ont voté pour à l’exception des élus du Parti communiste et de la France insoumise. Il doit désormais être examiné par le Sénat. Mais aucune date n’a encore été fixée. À votre bon cœur, messieurs les sénateurs. Franck Seuret

 

Comment 1 commentaire

il s’agit d’une question:parents de 2 jeunes adultes handicapés depuis la naissance, les élevant tout en travaillant, avons-nous des droits particuliers pour notre retraite?

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