La bombe des inaptitudes pourrait faire exploser le chômage… et l’Agefiph

Publié le 16 janvier 2018 par Franck Seuret
En 2012, les médecins du travail ont prononcé quelque 160 000 avis d’inaptitude au poste pour des salariés du privé. Et ce nombre ne cesse d'augmenter.

Dans les années à venir, un à deux millions de salariés du secteur privé pourraient perdre leur emploi en raison de la maladie ou du handicap. La progression des inaptitudes rend encore plus urgente la réforme du financement de l’Agefiph.

Pôle emploi n’a qu’à bien se tenir. Le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap devrait continuer à progresser rapidement dans les années à venir. Le record de plus de 500 000 travailleurs handicapés, atteint en septembre 2017, devrait être régulièrement battu.

« Entre un et deux millions de salariés sont menacés à court moyen-terme par un risque de désinsertion professionnelle », estime l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans un récent rapport. Autrement dit, 5 à 10 % des salariés du secteur privé pourraient perdre leur emploi en raison de la dégradation de leurs capacités due à la maladie ou au handicap. Une partie d’entre eux obtiendra la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) et viendra gonfler les rangs des demandeurs d’emploi.

Les pathologies ostéo-articulaires et les troubles mentaux et du comportement sont en cause dans 75 % des avis d’inaptitude.

« Les employeurs en demandent plus aux salariés. »

En 2012, les médecins du travail ont prononcé quelque 160 000 avis d’inaptitude au poste pour des salariés du privé. Comme l’expliquait le docteur Alain Jabes, dans un entretien à Faire-face.fr, « la progression de l’inaptitude est liée à la forte intensification du travail. (…) Les employeurs en demandent plus aux salariés. Ils doivent être plus productifs, plus réactifs… et s’usent donc plus vite ».

Un actif sur trois a au moins 50 ans

La progression de l’inaptitude n’est pas nouvelle mais elle s’accélère. « Le nombre d’actifs dont le maintien en emploi est menacé en raison d’une maladie ou d’un handicap est appelé à croître », souligne l’Igas. Pourquoi ? En raison du vieillissement de la population française.

Les 50 ans et plus représentent désormais 33 % de la population active. Le recul du seuil de la retraite amène, en outre, les travailleurs à rester plus longtemps sur le marché de l’emploi. Or, le risque de survenue d’une maladie ou d’un handicap augmente avec l’âge.

RQTH, sésame pour les financements

Aujourd’hui, « les aides de l’Agefiph à l’employeur sont les principaux financements mobilisables pour le maintien en emploi ». Mais seuls peuvent en bénéficier les salariés reconnus travailleurs handicapés par les Maisons départementales des personnes handicapées.

Le problème, c’est que certains, qui auraient pourtant besoin d’être accompagnés, ne rentrent pas dans les critères de la RQTH. D’autres ne veulent pas s’engager dans cette démarche qu’ils estiment stigmatisante. De plus, la baisse des ressources de l’Agefiph, dont Faire-face.fr a expliqué les raisons, limite ses capacités d’action.

Rendre plus restrictive la RQTH…

L’Igas envisage donc deux scénarios. Première piste : revoir dans un sens plus restrictif la définition des publics relevant de la RQTH. Des services et prestations similaires à ceux de l’Agefiph devraient alors être mis en place au titre de l’assurance maladie et de l’assurance accidents du travail et maladies professionnelles pour aider au maintien dans l’emploi de leurs assurés sociaux malades mais non handicapés.

… ou l’élargir à tous les salariés inaptes

Seconde possibilité, à « l’autre extrême » : accorder automatiquement la RQTH, ou ouvrir l’accès à tout ou partie des aides de l’Agefiph, à tous les salariés pour lesquels le médecin du travail demande un aménagement durable du poste de travail ou émet un avis d’inaptitude. Mais « la question des moyens financiers de l’Agefiph se poserait alors très rapidement. » De quoi alimenter la réflexion sur l’inévitable réforme du financement de l’emploi des personnes handicapées. Franck Seuret

Comment 5 commentaires

heureusement qu’ils n’étaient pas là il y a 60 ans!!!(les sacs de ciment 50 kg à l’épaule,les tuiles à la main sans gant,les tranchées à la pioche etc,etc, 60 heures par semaine, et tout le monde était heureux d’avoir du travail(merci patron).

Vous parlez des 30 glorieuses Monsieur Redondi. Ce que vous oubliez de dire c’est que durant cette période, beaucoup de gens se sont ruiné la santé dans les métiers pénibles et n’avaient droit à aucune compensation. Probablement pas votre cas puisque vous êtes encore là pour en parler.

Elargir la RQTH à tous, c’est garantir que les droits et les intérêts des plus fragiles seront noyés et négligés. Le système des 6% est aussi un effet d’aubaine pour les employeurs peu attentifs à la qualité de vie au travail. Commençons par instituer un bonus malus sur les invalidites generees au travail.

la véritable inflation provient de la possibilité dorénavant de mettre en invalidité un salarié handicapé, âgé d’une part , ou gênant car trop contestataire avec la formule que tous travail dans l’entreprise serai dangereux pour la santé du salarié. Ceci dispense l’employeur de chercher un reclassement.
Donc si le salarié fait une dépression on ne cherche pas de solution on le met invalide catégorie 2 et hop plus de problème, . Licenciement lié à la santé autorisé et séparation en douce avant l’age de la retraite qu’on a augmenté pour ne pas avoir à payer les pensions

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