Don de jours de congés aux aidants : vrai besoin, fausse réponse

Publié le 1 février 2018 par Franck Seuret
La loi sur le don de jours de congés introduit de l'inégalité entre aidants selon l'entreprise dans laquelle ils travaillent.

Le Parlement vient d’ouvrir aux aidants de personnes âgées ou handicapées la possibilité de bénéficier de jours de congés donnés par leurs collègues salariés. Une mesurette qui n’est pas à la hauteur des enjeux et substitue la charité à la nécessaire solidarité nationale.

Charité bien ordonnée commence par la loi-même. Le Sénat a ainsi donné son feu vert, mercredi 31 janvier, à la proposition de loi autorisant des salariés à offrir des jours de congés à un collègue s’occupant d’un proche âgé ou handicapé. Le don était déjà autorisé, depuis 2014, aux parents d’enfants gravement malades. Les sénateurs n’ayant pas changé un mot au texte examiné par l’Assemblée nationale, le 7 décembre, cette loi est définitivement adoptée.

 « Sa portée sera limitée. »

« Fière de l’avoir défendue, a tweeté la secrétaire d’État chargé des personnes handicapées, suite au vote. Un pas significatif. Nous devons soutenir les aidants et les préserver ! » L’enthousiasme de Sophie Cluzel contraste avec les réserves des sénateurs, durant les débats.

« Sa portée sera limitée », a ainsi souligné la centriste Jocelyne Guidez (UDI), la rapporteure de la Commission des Affaires sociales. « Nous ne pourrons faire l’économie d’un texte global sur les aidants », a ajouté Philippe Mouiller (Les Républicains).

La générosité individuelle au lieu de la solidarité nationale

Les besoins sont en effet immenses. Ils vont aller aussi en grandissant avec le vieillissement de la population. 8 à 11 millions de Français, en majorité des femmes, aident un proche. Beaucoup s’épuisent à mener de front vie familiale, travail et aide. Le don de jours de congés n’est donc pas à la hauteur des enjeux.

De plus, il fait reposer la solidarité dont ont besoin les aidants sur des initiatives individuelles – la générosité des collègues de travail – et non sur la collectivité nationale. Et il introduit de l’inégalité entre aidants selon l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Les dons sont en effet susceptibles d’être plus faciles dans des sociétés garantissant davantage de jours de congés.

Indemniser le congé de proche aidant

Une autre proposition de loi sera examinée le 18 mars. Elle porte sur le congé de proche aidant qui n’est, aujourd’hui, ni rémunéré ni indemnisé. Son auteur, le député communiste Pierre Dharréville, demande qu’il soit rémunéré 43 € par jour. Un montant identique à celui de l’allocation journalière de présence parentale. Une mesure qui relève là de la solidarité et non de la charité. Franck Seuret

Comment 7 commentaires

Bonjour, Et pour les aidants familiaux qui sont à la retraite (surtout ceux qui touchent une petite retraite) y-a-il quelque chose de prévu ? Merci de nous donner des informations.

Bonjour.
Nous sommes ans un pays ou le don on fait de moins en moins de dons. Au debut on rn rntendait parler. le gouv devrait etre plus ouvert pour ceux qui veulent offrire qq jours dr ses congés. Cela lui appartientdonc s.il est d.accord pourquoi lui dire non? Et pourquoi refuser une demande d.aide. un enfant doit avoir un dr ses parents ou un des parents qui a besoin dr son enfant lorsqu.il est malade. Ce pays manque d.humanité.

Il faut aussi penser à tous les salariés des très petites entreprises (commerce, artisanat…) qui n’ont pas assez de collègues pour recevoir des dons de congés. Si les salariés travaillent 35 h par semaine ils n’ont pas de RTT ni pour eux, ni pour les transmettre à un collègue.

Oui, le don de jours de congé aux aidants est une fausse bonne idée. Non seulement elle met en exergue le désengagement de l’Etat mais encore faut-il qu’il y ait des proches près à faire ce don. Je me suis occupée de ma mère surtout qui souffrait de plusieurs pathologies graves et était en fauteuil pendant 13 ans -jusqu’à sa mort-. Sur tout mon temps libre car je travaillais, élevais seule deux enfants et ne pouvaient me permettre de démissionner. Pourtant, je ne suis pas fille unique. Mais personne dans ma fratrie n’a renoncé à son petit confort, à sa routine et ses vacances pour me laisser souffler. Le don de jours de congés: une lourde plaisanterie alors qu’une petite aide pécuniaire serait beaucoup plus efficace pour aider les aidants.

Ben oui pourquoi pas ? DONS des rtts des collègues et puis quoi encore ? pourtant j’en aurais bien besoin de ces congés travaillant à temps plein , je m’occupe de ma mère qui est Alzheimer avec une faible participation de ma famille .. inadmissible que le gouvernement ne prennent pas en charge ces heures de péries !!

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