PCH : certains départements sont trois fois moins radins que d’autres

Publié le 13 février 2018 par Franck Seuret
Cinq départements figurent en queue de peloton avec une PCH d'un montant moyen inférieur à 3 500 € : les Ardennes, la Haute-Saône, le Loiret, le Territoire de Belfort et les Vosges.

Le montant moyen de la prestation de compensation du handicap (PCH) varie de 2 812 € à 9 407 € selon les départements. Soit un rapport de 1 à 3,3. Leurs caractéristiques socio-économiques mais aussi la politique menée dans ce domaine expliquent cet énorme écart. Avec une évaluation plus ou moins restrictive des besoins ou des tarifs PCH supérieurs au minimum réglementaire.

Dis-moi où tu habites, je te dirai si tu vis dans un département plus “généreux” que la moyenne avec la prestation de compensation du handicap. Cette carte de France figure dans le rapport annuel de la Cour des comptes, rendu public mercredi 7 février. Les départements y sont classés en fonction du montant annuel moyen de la PCH accordé par leur Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

Montant moyen de la PCH  : 5 555 €

En 2015, la dépense moyenne par bénéficiaire s’élevait à 5 555 € sur le plan national, départements d’outre-mer compris. Mais elle présentait des écarts importants, de 2 812 € à 9 407 €, souligne la Cour des comptes, soit un rapport de 1 à 3,3.

Neuf départements figurent en tête du classement avec plus de 6 800 € en moyenne : les Bouches-du-Rhône, les Deux-Sèvres, la Gironde, la Haute-Garonne, l’Hérault, l’Indre-et-Loire, le Lot, la Martinique et le Rhône.

Cinq ferment le ban avec moins de 3 500 € en moyenne : les Ardennes, la Haute-Saône, le Loiret, le Territoire de Belfort et les Vosges.

Source : Cour des comptes à partir de données DGCL, données 2015

Un plan d’aide à la baisse pour limiter le reste à charge

Comment expliquer de tels écarts, essentiellement liés à l’aide humaine qui représente 90 % de la PCH en moyenne (voir graphique en fin d’article) ? Une étude réalisée, en 2015, à la demande de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), avance plusieurs raisons.

À commencer par les caractéristiques socio-économiques du département : potentiel fiscal, part des classes favorisées, etc. « Les départements où le potentiel fiscal par habitant est élevé disposent de budgets plus importants et peuvent mettre en place des politiques plus “généreuses”. »

Par ailleurs, les allocataires aux ressources modestes vont avoir tendance à négocier un plan d’aide humaine à la baisse. Lorsque le tarif PCH attribué ne couvre pas le prix de l’aide humaine facturé par un service prestataire, ce qui est souvent le cas, chaque heure supplémentaire attribuée creuse en effet le reste à charge.

Une évaluation à la minute pour réduire la facture

Deuxième explication avancée : les méthodes d’évaluation des besoins utilisées par les MDPH. Là où elles sont plus restrictives, le montant accordé est plus faible.

« Un appui systématique sur des outils de cotation élaborés et diffusés par la CNSA (…) a permis de réduire le montant moyen de l’aide humaine au sein de certains départements, notent les auteurs de l’étude. Cet effet déflationniste peut être renforcé par un calibrage fin du volume d’heures accordé au titre de l’aide humaine, à la demi-heure voire à la minute, afin de limiter le paiement d’heures non consommées. » Les allocataires apprécieront.

Sous la pression, la CNSA a d’ailleurs été contrainte de retirer le guide PCH aide humaine destiné aux MDPH. Ce livret proposait des fréquences standard pour l’aide humaine aux gestes de la vie quotidienne : cinq minutes pour le petit déjeuner, un shampoing deux fois par semaine, etc.

Des aidants familiaux moins coûteux

Enfin, le type d’aidants joue également sur le montant moyen. Logique : le tarif PCH pour le dédommagement d’un aidant familial (3,80 € ou 5,70 € de l’heure) est largement inférieur à celui d’un intervenant salarié (de 13,61 € en emploi direct à 17,77 €, voire plus, via un service prestataire).

Les départements dans lesquels le recours aux aidants familiaux est privilégié sont principalement à dominante rurale. Ce qui traduirait « à la fois une forme de solidarité familiale ainsi qu’une forte réticence à la mobilisation d’intervenants extérieurs au domicile ». Avec la bénédiction du département qui y trouve son compte ?

Un tarif PCH plus élevé que le minimum réglementaire

Car, a contrario, « les départements affichant un montant moyen relativement plus élevé ont, pour certains d’entre eux, suivi une politique départementale d’encouragement au recours aux prestataires ». Politique pouvant passer, entre autres, par l’octroi d’un tarif PCH plus élevé que le minimum réglementaire (17,77 € de l’heure). Cela permet de laisser un reste à charge moins important aux clients de ces services, dont le coût de revient tourne autour de 23 à 24 € selon une étude de Handéo.

« On observe les montants attribués les plus élevés dans les départements combinant niveau élevé de tarification et fort recours au mode prestataire. » Tant mieux pour ceux qui y habitent. Franck Seuret

Comment 15 commentaires

Bonjour, pour un retard de dossier de plus de 7 mois( fournit pourtant en temps et en heure), la MDPH ou le conseil général pait-il les agios bancaires pour manque de cette prestation?

Bonjour,
Nous sommes déçu des retards des prestations ainsi que les sommes alloués.
Une misère sociale, et je vous parle pas de l’enthousiasme de certaines personnes, qui devrait changer de métier. Bref, on continue à subir les conséquences d’ une gestion qui laisse à désirer. Merci de ces bons moments passés auprès de notre administration discutable …

Bonjour
Dégoûté je suis à la MDPH de Bordeaux j’ai toujours été malade dans l’incapacité de travailler 80% donc renouvellement en mai 2017 pour m’apprendre hier que je ne percevrait plus mon AAH tiens je savais pas que du jour au lendemain on serait guéris d’un asthme sévère … Vive les aides je peu pas travailler plus d’aah plus qu’à attendre un miracle

vous apprendrez qu en Ardeche c est la même chose enfant qui fait de l asthme, infections respiratoires ,fatigues, vertiges n a pas le droit a quoi que cela soit ,de même pour aeeh et son complément,et refus bien sur du pch qui a été demande. ainsi nous aurions pu partir dans une région pour adequat a ces problèmes respiratoires au gluten,froment orge avoine.et galère pour accéder cure,logement adapte.
nous rêvons de nous en aller très vite avant d en mourrir.
respirer correctement n est pas vital et tous les autres problemes physiques.medicaux.

D’où les appels à témoignages d’usagers d’HANDI-SOCIAL pour la Haute-Garonne, où si les plans d’aide moyens sont meilleurs qu’ailleurs il y a de graves dysfonctionnements dans les services prestataires d’aide à domicile
http://www.handi-social.fr/articles/actualites/droit-a-l-autonomie-des-personnes-handicapees-en-milieu-ordinaire-en-danger–demande-de-rencontre-urgente-cd-saad-et-asso-du-31-18731
mais aussi et surtout de la CHA, Coordination Handicap Autonomie, appel national à retrouver à l’adresse suivante et à diffuser largement : http://coordination-handicap-autonomie.com/index.php/nos-actions/communique/88-appel-national-a-temoignages

bonjour
cela fait un an que je suis hospitalisé pour une rupture d anévrisme. il me manque le PCH pour sortir et intégrer une autre structure plus adaptée

Franchement, quand on voit cette carte de France ; il n’y a pas à hésiter un seul instant ! Vu que ça fait des années que c’est comme ça et que ça va pas s’harmoniser au niveau national… moi, c’est décidé je déménage ! Je quitte la haute Saône pourrie et mal dotée (en plus il fait pas beau) pour aller au soleil dans un département où la pch est la plus importante (Martinique ; Héraut ; Bouches du Rhône ; Gironde : Haute Garonne ).
Avec les minimas sociaux, l’APL et l’aide humaine prise en charge : ok, je serai toujours handicapé… mais au moins un handicapé soigné et qui sort de chez lui !

Bonjour,
Handicapée à plus de 80%, un tribunal m’a accordé la PCH en avril 2018 pour 5 ans. La MDPH ne l’a toujours pas mise en place. J’ai donc déjà perdu 3 ans de prestations sur les 5 accordés. Sachant que mes faibles revenus ne me permettent pas de payer l’aide à domicile dont j’ai besoin, j’ai dû m’en passer pendant toutes ces années. Le versement de la PCH est-il rétroactif? Si oui, va-t-on me verser les montants que je n’ai pas touchés depuis 3 ans alors que je n’ai pas déboursé ces sommes puisque j’étais dans l’incapacité de les avancer? Si non, ai-je un recours contre quiconque pour cette perte et le préjudice qui en découle?

handicapé a 80 porcent et habiant les pyrénées orientales la mdph vient de m enlever les 23 heures d aises a domicile de pch pour me mettre a la place 10mn de toilette et 10mns d habillage cherchez l erreur et me fait comprendre qu avec ma pension d invalidité je peux me payer une femme de ménage a l hadicapé de s adapter avec se que l on veut bien lui octroyer vive les rapports humains quelle magnifique société!!!!!!!!!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.

Sujets :
Autonomie