Madame Hyde : un étonnant film sur la transmission duelle du savoir et du handicap social

Publié le 21 mars 2018 par Elise Jeanne
Le film raconte le cheminement du changement mutuel de Mme Guéquil, la prof, et de Malik, l’élève, l’expérience risquée de leur apprentissage en commun.

Dans une adaptation très libre du roman L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson, le réalisateur Serge Bozon fait se rencontrer une mauvaise prof et un mauvais élève. Deux “pauvres” personnages qu’un foudroiement va réunir. Pour le meilleur et pour le pire.

En apparence, tout les oppose. Mme Géquil – campée par l’excellente Isabelle Huppert – est une professeure de physique dans un lycée professionnel de banlieue. Une prof maladroite et méprisée par ses élèves et collègues. Malik – joué par le débutant mais persuasif Adda Senani – s’avère un lycéen antipathique et insolent. Il la provoque sans cesse, la déstabilise.

Le choix d’un traitement fantastique

Mais, au fond, tous deux sont des canards boiteux : canard boiteux des profs pour l’une ; canard boiteux des élèves pour l’autre. Malik marche avec un déambulateur. Pas de quoi donner dans la compassion pour autant. Au contraire, le réalisateur de Madame Hyde, Serge Bozon, opte pour un traitement fantastique, du moins non réaliste, de leur rencontre.

Tout nait d’un foudroiement dans un laboratoire qui va donner à Mme Géquil une énergie nouvelle, mystérieuse, voire dangereuse… On n’en dira pas davantage ici,  si ce n’est que la mauvaise prof va devenir une très bonne prof et le mauvais élève, un très bon élément.

Unis par le savoir et l’humiliation

Le film raconte le cheminement de leur changement mutuel, l’expérience risquée de leur apprentissage en commun. Ce, dans un curieux décalage entre réalisme et incongruité, revendiqué par le réalisateur. Une manière, pour lui, de faire surgir de profondes problématiques.

Car, si Malik devient bon élève, c’est grâce à sa prof qui lui a transmis l’envie de réfléchir et le goût solitaire du savoir. Toutefois et bien malgré elle, Mme Géquil lui a aussi transmis une malédiction : l’humiliation. Le fait d’être rabaissé, dénigré, incompris… car différent.

Avec un casting en or (Romain Duris, José Garcia…) et ses allures légères, ce long métrage ose, en fait, des symétries et interactions novatrices entre handicap physique et handicap moral, entre savoir et camouflets… dont les corps ne ressortent pas indemnes. vous comprendrez pourquoi en visionnant ce film. Élise Jeanne

 

 

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