Société : Pauvreté + précarité = invisibilité

Publié le 21 octobre 2014 par Valérie Di Chiappari

L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) lance une étude d’ampleur sur les publics ʺinvisiblesʺ pour mieux comprendre les mécanismes conduisant les plus précaires à disparaître, purement et simplement, des radars de notre société.

« Pour se rendre invisible, n’importe quel homme n’a pas de moyen plus sûr que de devenir pauvre », écrivait la philosophe Simone Veil dès les années 40. L’Onpes ne pouvait trouver phrase d’introduction plus juste pour annoncer le lancement d’un vaste travail de recherche sur l’invisibilité sociale. Dans une lettre qu’il vient de publier, l’Observatoire livre les fruits d’une première étude exploratoire sur le sujet, qu’il a confié à Fors-Recherche sociale.
« Les statistiques publiques appréhendent difficilement la grande exclusion, notamment lorsque les personnes concernées n’ont pas de domicile, ne recourent pas aux prestations sociales auxquelles elles ont droit (que ce soit par ignorance ou par crainte d’être stigmatisées comme des ʺassistéesʺ, NDLR) ou sont en situation irrégulière sur le territoire français. L’action publique en direction de ces publics reste, par conséquent, très difficile à mettre en œuvre », concluait déjà l’Observatoire dans son rapport 2009-2010.

Étudier les cohabitations forcées

Face au développement de cette « France Invisible » que décrivent depuis plusieurs années déjà chercheurs, sociologues et journalistes, il y a urgence. L’étude de Fors-Recherche sociale souligne, entre autres, l’intérêt de mieux connaître l’entourage familial et relationnel des personnes précaires. Alors que les droits sociaux reculent, l’entourage joue, en effet, autant un rôle d’amortisseur de la crise qu’un facteur contribuant à dissimuler la précarité. « Étudier les situations de cohabitations forcées pourrait constituer une porte d’entrée intéressante » pour les travaux à venir, souligne l’auteure.
Les résultats de cette étude d’ampleur alimenteront le prochain rapport de l’Onpes, prévu fin 2015, sur ce thème de la pauvreté invisible. Aurélia Sevestre

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