The Sessions : l’assistance sexuelle version glamour au cinéma le 6 mars

Publié le 27 février 2013 par Valérie Di Chiappari

Un film peut contribuer à nourrir un débat. Et même à faire évoluer la loi. Cela s’est déjà produit. Le même résultat est attendu de The Sessions (Les Séances) qui sort en France le mercredi 6 mars et montre, avec émotion, ce que représente l’assistance sexuelle face au handicap.

Une délicieuse comédie sentimentale américaine parviendra-t-elle à convaincre la France d’approuver et d’organiser l’assistance sexuelle pour les personnes en situation de handicap ? C’est ce qu’il faut espérer du film The Sessions qui sera le 6 mars sur les écrans français. Difficile, sur un tel sujet, de faire plus joliment didactique dans le registre de l’émotion choisi par le réalisateur et scénariste Ben Lewin.

Romantique à souhait, l’histoire est tirée de l’expérience vécue par le poète et journaliste Mark O’Brien. Il l’a relatée dans un article. Une attaque de poliomyélite à l’âge de 6 ans a privé Mark de tout mouvement. Seule sa tête reste mobile. Il ne peut pas respirer plus de trois heures hors d’un poumon d’acier. Mais son corps a conservé toute sa sensibilité. À 38 ans, il entreprend, avec audace, de perdre sa virginité. En tentant d’abord quelques approches auprès de ses auxiliaires de vie. Puis en exposant sa requête à un prêtre qui lui donne sa caution morale pour recourir à une assistante sexuelle. Une possibilité offerte depuis les années 80 aux personnes lourdement handicapées aux États-Unis.

Un couple irrésistible

Le charme de Mark, magnifiquement interprété par John Hawkes, opère dès les premières images. Son regard bleu pétille d’humour et d’intelligence. Son visage expressif inspirerait de la tendresse à n’importe quelle femme. Tandis que nul homme ne résisterait à l’idée de passer un agréable moment avec Helen Hunt dans le rôle de Cheryl, l’assistante sexuelle.

Un lien subtil se noue entre eux dès qu’ils font connaissance. De l’argent ayant été déposé à son attention sur une table par Mark, Cheryl lui explique sa différence avec une prostituée. « Celle-ci tentera d’établir une relation commerciale durable, alors que nos séances se limiteront à six », fait valoir l’assistance sexuelle avant de se dénuder, de déshabiller Mark et de s’allonger près de lui pour des « exercices d’éveil corporel ». Ils conduiront Mark à la jouissance, mais trop vite, regrette-t-il.

« Je me sens purifié et victorieux », confie-t-il néanmoins au prêtre auquel il relatera chacune des séances. Un dictaphone recueille les comptes rendus de Cheryl. Elle parle aussi de Mark à son mari qui la qualifie de sainte mais éprouvera ensuite de la jalousie. Admirablement filmée, chaque rencontre souligne le bonheur pour l’un et pour l’autre de leur intimité. À la quatrième (et dernière, selon la décision de Mark), ils deviennent réellement amants, se disent « je t’aime », s’embrassent et ont un orgasme simultané. Une scène dont la description plonge dans la perplexité le gérant de l’hôtel où elle se déroule. Son expérience avec Cheryl donnera toute confiance à Mark pour séduire, peu après, une jolie jeune femme en lui disant avec malice « je ne suis plus puceau ». Ils vivront ensemble pendant cinq ans jusqu’à la mort de Mark. Son enterrement montrera connivence et respect mutuel entre les femmes qui l’ont aimé.

Pour l’instruction des parlementaires

Ce que l’on vit et partage au moyen de l’assistance sexuelle constitue une étape vers une relation plus forte et plus longue avec une autre personne nous enseigne ce long métrage. On en déduit aussi que le seul mot « amour » ne suffit pas, dans la langue française, pour décrire la large gamme de sentiments pouvant naître d’une relation sexuelle. Il existe autant de formes d’attachement que de façons de faire un nœud.

Un public enthousiaste a assisté à la projection en avant-première du film, le 25 février au MK2 Bibliothèque à Paris. Le débat animé par le sexologue et psychiatre Philippe Brenot qui a suivi a débouché sur une proposition. Elle a fait l’unanimité dans la salle : The Sessions devrait être projeté à l’Assemblée nationale et au Sénat. Pour convaincre les parlementaires. Après tout, c’est grâce au film Indigènes, sorti en 2006, que les anciens combattants d’Afrique de Nord pour la France peuvent désormais percevoir le même niveau de retraite que leurs frères d’arme français.

Jean-Louis Rochon

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