Accessibilité et handicap : « Il faut penser à une somme de petits détails très importants. »

Publié le 23 avril 2013 par Valérie Di Chiappari
DELPHINE BOSSARD

La loi handicap du 11 février 2005 a prévu dix ans pour que l’accessibilité en France devienne une réalité. Pourtant, depuis son adoption, élus et divers groupes défendant leurs intérêts privés au détriment de ceux de la collectivité surfent sur le contexte économique difficile actuel pour dire que l’accessibilité coûte trop cher, avancent qu’elle est techniquement impossible à réaliser.

Or, rendre la France accessible est possible. La preuve ? Des femmes et des hommes à la tête d’établissements culturels, de loisirs, de régies de transports, de services publics ou privés, des médecins, des hôteliers, des maires, des commerçants… eux, ils l’ont fait. Témoignage de Delphine Bossard, propriétaire de l’institut de beauté Enéa à Orvaut (Loire-Atlantique).

« Cela allait de soi que les personnes en situation de handicap aient une complète autonomie. »

Une épilation, un soin du visage ou un massage ne sont pas toujours des petits plaisirs accessibles quand on est une personne à mobilité réduite. Delphine Bossard en sait quelque chose. Dans le précédent institut de beauté où elle était employée, rien n’était prévu pour faciliter l’accueil des clientes handicapées. « J’ai deux amies en fauteuil. Il fallait les porter quand elles venaient pour un soin. » Aussi, quand elle décide d’ouvrir son propre établissement en 2011, baptisé Enéa*, dans le petit centre commercial Plaisance à Orvault, la jeune femme entreprend les travaux nécessaires, conseillée par ses amies handicapées. « Je ne me suis pas posé la question du surcoût, 30 % au final. Cela allait de soi que les personnes en situation de handicap aient une complète autonomie. »

Portes des cabines coulissantes et d’une largeur adaptée, comptoir d’accueil à la hauteur requise, elle s’équipe aussi de tables de soins électriques et hydrauliques afin d’en faciliter l’accès, sans oublier douche et toilettes adaptées. « Il faut penser à une somme de petits détails très importants. Les roues de fauteuil glissent sur un sol mouillé, c’est pourquoi j’ai choisi un revêtement de sol en ardoise. »

Aujourd’hui, le bouche à oreille commence à fonctionner. « Cette cliente atteinte de spina bifida vient deux fois par mois pour des soins minceur car elle a des problèmes de poids liés à sa pathologie. Dans mon institut, même les soins s’adaptent au handicap de chacun. » Texte Claudine Colozzi – Photo Sébastien Salom-Gomis

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.

Sujets :
Non classé