Un malade de la sclérose en plaques en parachute au-dessus de l’Everest : « Malgré une maladie chronique incurable, on peut accomplir des choses insoupçonnées. »

Publié le 5 novembre 2013 par Valérie Di Chiappari

Correspondant en Meurthe-et-Moselle de la Ligue française contre la sclérose en plaques, Marc Kopp, 55 ans, a été, le 27 octobre, le premier handicapé à sauter en parachute au-dessus du sommet du monde. Rencontre.

Marc, racontez-nous votre exploit !

Cet été, j’ai fait un saut en parachute en Lorraine, au Mondial Air Ballon, un rassemblement de montgolfières, en tandem avec Mario Gervasi, parachutiste professionnel. Il m’a proposé de recommencer, mais au-dessus de l’Everest. Il devait initialement accompagner Zinedine Zidane pour son association Ela, mais comme il venait de signer avec le Real Madrid, la place était libre. J’ai dit chiche. J’ai sauté en tandem avec Mario depuis un hélicoptère à 10 000 mètres d’altitude. La chute libre a duré une minute, puis la descente en parachute une dizaine de minutes. C’était extraordinaire, grandiose, une descente à 350 km/h et moins 50° C avec une vue sur les sommets de l’Himalaya à 360°. J’étais un homme volant, la maladie n’existait plus, c’était une délivrance pour tous les efforts accumulés.

Quels furent ces efforts à fournir ?

C’était épuisant et très dur. Je suis quand-même au stade trois de la maladie, tous les jours sous morphine. J’ai cru plusieurs fois que je n’y arriverais pas. J’ai déjà dû trouver en trois mois les partenaires pour boucler le budget de 26 000 euros. Puis me préparer matériellement et psychologiquement en un mois.

Après l’avion qui m’a emmené à Katmandou, nous avons rejoint la drop zone via un trek de trois jours, de 8h à 17h. Comme je marche très difficilement, j’étais à dos de cheval et je devais me cramponner comme je pouvais alors que je n’ai plus de masse musculaire, avec en plus les problèmes d’acclimatation en altitude. Quand j’ai atterri, j’étais vidé, avec juste quelques légères contusions liées à l’atterrissage, à une vitesse plus élevée que prévue, à 4 000 mètres, mais avec la fierté d’avoir accompli presque un miracle.

Quel message portez-vous ?

J’ai voulu offrir un rêve par procuration à tous les malades et montrer que malgré une maladie chronique incurable, on peut accomplir des choses insoupçonnées. La souffrance peut pousser au désespoir mais donne aussi la possibilité d’accéder à une force agissante, de sentir que son être intérieur est indestructible. Nous ne pouvons pas effacer la maladie, mais pouvons essayer de vivre le plus heureux possible avec, en relativisant les difficultés du quotidien.

Dans le groupe de parole que j’ai créé en 2007, à Longwy, je constate les effets positifs de ces actes incroyables. Il y a trois ans, nous avons été quatre à sauter en parachute à Nancy à 4 000 mètres d’altitude. Il y a deux ans, nous avons été plus de dix à faire du deltaplane. Cette année encore, ils étaient plusieurs à monter en ballon et en ULM. Ils savent maintenant qu’ils en sont capables. La maladie n’est pas juste quelque chose de rétrécissant.

Propos recueillis par Élise Descamps – Photo Everest Skydrive

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