Zone interdite dimanche sur M6, une enquête-choc sur les centres qui maltraitent les enfants handicapés

Publié le 17 janvier 2014 par Valérie Di Chiappari

« Comment imaginer restituer une position de dignité à ces personnes si on les maintient dans ce contexte-là ? »

« Ces personnes », ce sont des enfants polyhandicapés accueillis à l’Institut-médico éducatif (IME) de Moussaron, à Condom, dans le Gers. « Ce contexte », c’est celui d’un des bâtiments, vétuste, de l’IME où un jeune résident est mis sur un pots dans une salle commune, car les W.-C. ne sont pas suffisamment nombreux ; d’autres sont lavés dans cette même salle, sans aucun respect de leur intimité ; dorment dans d’étroits boxes vitrés, fermés à clé, faute de place dans les dortoirs ; passent la nuit, pour la plupart, attachés sur leur lit, etc. Et cette question, c’est Eric Lemonnier, pédopsychiatre au CHU de Brest qui la pose.

L’équipe de Zone interdite, l’émission de M6, lui a montré la vidéo, réalisée en caméra cachée par une éducatrice de l’IME Moussaron, accusé de « maltraitance institutionnelle » par l’Agence régionale de santé de Midi-Pyrénées. Ces images, très dures, ont été tournées, à l’initiative du réalisateur Nicolas Bourgoin, avant que l’affaire n’éclate sur la place publique, en novembre, suite à la mobilisation d’un collectif. Mais son documentaire de 90 min ne se limite pas au cas de Moussaron : il lève le voile sur les dérives maltraitantes de certains établissements accueillant des enfants en situation de handicap mental. Enfants handicapés, révélations sur les centres qui les maltraitent sera diffusé dimanche 19 janvier à 20h50, sur M6.

Des résidents « bourrés de médicaments »

Il nous emmène près d’Arras, dans le Pas-de-Calais, où se déroule le procès de trois éducatrices, accusées d’actes de maltraitance. On les voit frapper et humilier des résidents sur des vidéos tournées, avec une montre-caméra, par David, un de leurs collègues, qui ne supportait plus leurs agissements. C’est lui qui avait alerté la gendarmerie, images à l’appui.

Le documentaire nous conduit également en Belgique où les parents d’une jeune fille autiste, Eva, visitent les locaux d’un établissement, accompagnés du réalisateur, équipé d’une caméra cachée. Les locaux sont bien loin des normes françaises et des conditions que pourrait offrir l’IME proche de chez eux… mais qui ne peut accueillir Eva, faute de place. 6 000 Français sont accueillis en Belgique où le bon côtoie le pire, comme cette “usine à Français”. « Ça peut être extrêmement rentable, confie cyniquement l’un de ses administrateurs, qui ignore qu’il est filmé. C’est pour ça qu’on parle d’usine » où les résidents sont « bourrés de médicaments », pour faciliter la tâche des salariés.

Au moins 20 000 places manquantes en France

Ce documentaire-choc, extrêmement bien fait, dénonce également le nombre insuffisant de contrôles réalisés par les Agences régionales de santé dans ces établissements médico-sociaux, dont ils ont la tutelle, et les obstacles que rencontrent les salariés voulant dénoncer des actes de maltraitance. Et il donne longuement la parole aux parents : ils expriment tout à la fois l’amour porté à leur enfant et l’abnégation nécessaire pour s’en occuper, 24 heures sur 24. Ce qui les amène à vouloir trouver des solutions d’accueil, à temps plein ou temps partiel. Mais la France manque cruellement de places…  Au moins 20 000, selon les estimations de Faire Face. Tout juste peut-on reprocher au réalisateur de ne pas avoir pris le temps de bien montrer quelle prise en charge pouvait offrir un établissement de qualité, comme il en existe de très nombreux dans notre pays. Franck Seuret

Comment 1 commentaire

Bjr passer dans les ESAT et certaines assos, maison pour personnes âgées cetaines familles ont des photos, maison d enfants, ext….

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