Emploi et handicap : elles ont créé leur entreprise grâce au micro-crédit

Publié le 7 février 2014 par Axelle Minet

« Il était vital que je retravaille. Pas seulement pour gagner ma vie, mais aussi pour garder goût à cette vie. » Laetitia Hard, 42 ans, affiche une détermination, que la fibromyalgie dont elle est atteinte depuis 2007, n’a pas entamée. Début novembre 2013, cette Picarde de 42 ans, souffrant de douleurs musculaires chroniques, a créé une boutique d’accessoires, de produits cosmétiques et autres articles de mode, à Flesselles (Somme), près d’Amiens.

Grâce au soutien financier de l’Adie, l’association qui a organisé la semaine du micro-crédit (du 3 au 7 février).

Pas d’apport = pas de prêt bancaire

Un nouveau départ pour cette ex-auxiliaire de vie, licenciée pour inaptitude, courant 2013, car sa maladie l’empêche de porter des charges, lever les bras, etc. « Je ne voulais pas rester à la maison, à ne rien faire. On a vite de fait de tomber toujours plus bas. » Elle se lance dans le commerce ambulant, qu’elle doit vite abandonner : trop fatigant. Mais la clientèle existe et elle monte un projet de boutique, à créer dans le centre commercial du village. Reste à trouver le financement. « Les banques, ce n’était même pas la peine d’y penser vu que je n’avais pas d’apport. Et comme je n’ai pas la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé *, je n’avais pas le droit aux aides de l’Agefiph. »

Un prêt de 7 200 €

Le salut viendra de l’Adie. L’association finance, à hauteur de 10 000 € maximum, des micro-entrepreneurs n’ayant pas accès au crédit bancaire. Outre la solidité du projet, la seule condition est de pouvoir présenter un garant se portant caution pour 50 % du prêt. Laetitia Hard a bénéficié d’un crédit de 7 200 € pour payer les travaux et son stock à rembourser en 48 mensualités de 150 €. « L’activité a bien démarré, même si je ne dégage pas encore de salaire. » Il est vrai que son état de santé ne lui permet d’ouvrir sa boutique que l’après-midi, du mardi au vendredi. « Et le samedi toute la journée ! Je suis une commerçante qui s’impose un mi-temps thérapeutique, sourit Laetitia Hard. Cela durera ce que ça durera, tant que j’aurai la force de travailler. »

Devenir son patron

C’est aussi grâce à l’Adie que Djaouida Yemmi a pu créer sa société de nettoyage, en mars 2013, à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Cette nouvelle aventure vient ponctuer un riche parcours professionnel. En 2000, Djaouida Yemmi doit abandonner la coiffure en raison d’une scoliose sévère qui l’empêche de rester trop longtemps debout. Reconnue travailleur handicapée, avec un taux d’incapacité de 79 %, elle se forme à la comptabilité ; devient gérante d’une station-service puis d’un supermarché et à nouveau d’une station-service. « Mais cela devenait trop lourd, physiquement, explique-t-elle. C’est pour ça que j’ai voulu me créer un poste qui soit adapté à mes capacités. Et puis, j’ai toujours eu envie d’être mon propre patron ! »

Un prêt de l’Adie ; une aide de l’Agefiph

Faute de pouvoir obtenir un prêt bancaire, elle frappe à la porte de l’Adie qui lui accorde 10 000 €, à rembourser en cinq années. L’Agefiph lui octroie 12 000 € et sa mère lui offre 3 000 €. 25 000 € au total pour acheter un véhicule de société et du matériel de nettoyage. Aujourd’hui, Alexandra Propreté emploie deux salariés assurant les tâches les plus physiques. Djaouida Yemmi, elle, se charge essentiellement des missions administratives et commerciales. « Le nombre de clients augmente régulièrement, mais ils ne sont pas encore suffisamment nombreux pour que je puisse me rémunérer. C’est raide, financièrement, mais cela vaut le coup… » Franck Seuret – Photos DR et Mairie de Tremblay-en-France

 

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