« Parfois, j’ai l’impression d’être privée de mon rôle de mère. »

Publié le 14 mars 2014 par Valérie Di Chiappari

Le manque d’accessibilité au quotidien, c’est quoi ? Le témoignage de Sylvie Vialet, 48 ans, en fauteuil suite à un accident de la route, Chalon-sur-Saône (71)

« Des établissements scolaires ou des transports pas accessibles, pour un parent handicapé cela peut être très difficile à vivre. Quand ma fille, Céline, était en maternelle, nous habitions à la campagne. Là, pas de problème ! Paradoxalement, c’est quand nous sommes arrivées en ville, à Chalon-sur-Saône, que les choses se sont corsées. Le collège et le lycée n’étaient pas accessibles. Alors, quand je voulais assister à une réunion de parents délégués, les autres parents ou les professeurs devaient me porter. Vous imaginez l’inconfort de la situation. Pareil pour rencontrer un professeur.

« Qu’en sera-t-il le jour où elle sera mariée et aura des enfants ? Je ne pourrai jamais aller chez elle ? »

Aujourd’hui, ma fille a 19 ans et elle est à la fac. Je me fais moins de souci pour elle car elle est autonome. Mais la première année, elle vivait dans une chambre du Crous, à l’étage. Je n’ai jamais pu lui rendre visite. De même cette année car elle vit en colocation dans un appartement situé au troisième étage sans ascenseur. Je me dis : qu’en sera-t-il le jour où elle sera mariée et aura des enfants ? Je ne pourrai jamais aller chez elle ? Franchement, parfois, j’ai l’impression d’être privée de mon rôle de mère.

« Alors je milite aujourd’hui sur le thème de la parentalité. »

Certaines personnes me disent : “Tu as ta fille pour t’aider !” Mais je ne l’ai jamais considérée comme une auxiliaire de vie ! Cela a pu compliquer notre quotidien mais j’y tenais absolument. Par exemple, elle ne pouvait pas monter dans les transports avec moi car je ne l’avais pas déclarée comme accompagnatrice. Quand j’allais faire des courses, je devais demander à quelqu’un de nous emmener car elle ne pouvait pas monter dans le véhicule de l’auxiliaire de vie. Je n’allais tout de même pas la laisser seule à la maison !

Alors, voilà pourquoi je milite aujourd’hui sur le thème de la parentalité. Je me bats pour que nos droits de parents soient enfin reconnus. » Propos recueillis par Estelle Nouel – Photo DR

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