Le médiateur des normes caricature l’accessibilité

Publié le 7 avril 2014 par Valérie Di Chiappari

« Les élus ne supportent plus(…) de démolir des maisons dans des communes de 500 habitants pour élargir des trottoirs afin que deux fauteuils roulants puissent se croiser. » Alain Lambert, le président UMP du Conseil général de l’Orne, ne fait pas dans la dentelle pour dénoncer les normes d’accessibilité. Quitte à tomber dans la caricature, dans cette interview accordée au Point.fr. Inquiétant lorsqu’on sait que l’ex-minsitre du budget de Jean-Pierre Raffarin vient d’être nommé, par le gouvernement, médiateur des normes applicables aux collectivités locales…

Alain Lambert mélange une obligation et une recommandation

L’arrêté du 15 janvier 2007 impose des trottoirs ayant une largeur minimale de 1,4 m. Par ailleurs, l’Afnor, le groupe spécialiste des normes, recommande qu’ils fassent au moins 1,8 m pour permettre à deux fauteuils de se croiser. Mais ce n’est qu’une recommandation, pas une obligation.

L’ex-ministre du budget est de mauvaise foi

Les mairies ne sont pas tenues d’élargir les trottoirs existants. La réglementation ne concerne que les voies nouvelles ou faisant l’objet de travaux de réaménagement. Et si la voie n’est pas suffisamment large pour créer un cheminement accessible, la commune n’est bien évidemment pas obligée de « démolir des maisons ». Elle peut demander une dérogation pour impossibilité technique à la commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité.

Alain Lambert veut redonner aux maires la liberté de ne rien faire

Après la mauvaise foi, Alain Lambert verse dans la démagogie : « Il faut en finir avec le dogme de l’uniformité qui, au nom du principe d’égalité, sert de voile de vertu à toutes les gabegies financières.Comme dans tous les autres pays au monde, les aménagements d’accessibilité doivent être adaptés à l’objectif poursuivi et non à une norme nationale et générale aussi irréaliste que ruineuse. Laissons les élus de terrain équiper leurs territoires qu’ils connaissent par cœur, ils feront mieux qu’un escadron d’énarques embusqués dans une tour à la Défense. » Pas sûr… Plus de vingt ans après l’adoption de la loi de 1991 qui rendait obligatoire l’accessibilité de la voirie publique, cette dernière est loin d’être parfaitement accessible…

Franck Seuret – Photo CG61

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