Aidants : attention aux fausses bonnes solutions

Publié le 6 octobre 2014 par Valérie Di Chiappari

Peut-on faire sous-traiter les problématiques des salariés aidants à un service commercial privé payé par les entreprises ? C’est en tout cas ce qu’offre la plateforme téléphonique Responsage depuis 2013. Objectif avancé : faire baisser l’absentéisme des travailleurs concernés.

Inquiétant. C’est le sentiment qui naît chez un journaliste lorsque, invité à des conférences de presse à la veille de la Journée des aidants, ce lundi 6 octobre, il constate ceci : trois journalistes présents au point presse de la sérieuse AFM-Téléthon qui, depuis 25 ans, développe une véritable expertise et des solutions concrètes pour les aidants d’enfants handicapés. Elle a notamment inauguré, cette année, son troisième village Vacances Répit Familles en partenariat avec ProBTP.
Deux heures plus tard, la salle est comble pour le point presse de Responsage, plateforme téléphonique née en août 2013 à l’initiative de Danone et Bayard, aujourd’hui financée par onze entreprises du CAC 40 et PME (L’Oréal, GDF Suez, Pernod-Ricard…). De quoi s’agit-il ? D’un numéro gratuit que les salariés des entreprises adhérentes – soit, aujourd’hui, quelque 10 000 ayants droit potentiels – peuvent appeler quand ils sont confrontés à la perte d’autonomie d’un proche. Au bout du fil, « des conseillers experts, spécialistes de la gérontologie et de la relation clients » répondent à leur question dans les 72 heures. Ce service commercial privé s’engage « à ne pas communiquer (aux employeurs qui le financent, NDLR) d’informations personnelles sur les salariés ». Impossible, bien sûr, de vérifier le respect de cet engagement.

La dépendance inquiète les employeurs

Il n’est pas certain, en outre, que les 200 premiers appelants à ce service savaient que leur appel servirait à réaliser, selon la présentation faite par Responsage, ʺla première étude sur les salariés aidants de proches âgésʺ. Sans surprise, ses conclusions permettent de justifier la création de ce service né d’un double constat : l’accompagnement d’un proche en perte d’autonomie est un facteur de stress, de désorganisation et d’absentéisme en entreprise. Face à cette situation, et à l’illisibilité des services d’aide publics, les travailleurs se retrouvent seuls. Responsage apparaît alors comme une solution simple comme un coup de fil…
« Dans 90 % des cas, ils n’ont pas contacté de structures de proximité type Clic, CCAS ou réseaux gérontologiques car ils ne les connaissent pas. Ils sont donc disposés à utiliser l’aide spécifique proposée par leur entreprise », avance cette étude (1) qui prédit le succès de la plateforme téléphonique puisque « 10 % des salariés concernés – majoritairement des femmes de plus de 45 ans – ont utilisé Responsage dans l’année du lancement du service. » Près de la moitié d’entre eux cherchaient à mettre en place ou à augmenter les services à domicile de leurs parents… Aurélia Sevestre

(1) Analyse des 200 premiers appels de salariés d’entreprises adhérentes à Responsage entre le 1er septembre 2013 et le 31 août 2014.

Comment 1 commentaire

Je ne sais pas si l’absentéisme baissera beaucoup avec l’utilisation par les salariés-aidants de cette plateforme d’aide et de conseils. Mais ce qui est certain, c’est que ce type d’aides et de conseils mis à disposition gratuitement des salariés-aidants dans l’entreprise renforce le sentiment pour les salariés-aidants qu’ils ont le droit de parler sur leur situation d’aidant. Je crois que c’est là que réside le pari. “Libérer la parole des salariés sur leur rôle d’aidant pour que leur venue à l’entreprise ne soit pas un élément de culpabilité supplémentaire, mais un lieu où ils trouveront de l’aide si nécessaire les moments de crise”.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.

Sujets :
Société