Huntington : la triheptanoïne pour ralentir la maladie

Publié le 8 janvier 2015 par Valérie Di Chiappari

Améliorer le métabolisme énergétique du cerveau pourrait ralentir l’évolution de la maladie de Huntington. C’est ce que soulignent avec succès les résultats originaux obtenus par une équipe de chercheurs de l’Inserm.

D’origine génétique, la maladie de Huntington entraîne une dégénérescence progressive des neurones, en particulier dans les régions impliquées dans le contrôle du mouvement. Chez la personne atteinte, cela se traduit par des problèmes neurologiques, moteurs, cognitifs et psychiatriques importants. De plus, les patients à un stade précoce de la maladie perdent aussi du poids et ce malgré des apports alimentaires normaux voire augmentés.

Défaut énergétique dans le cerveau des malades

Un tel constat a conduit les chercheurs à formuler l’idée d’un manque énergétique. Son existence serait responsable du déclenchement et de la progression des symptômes de la maladie. Pour étayer cette hypothèse, une équipe de l’Inserm, basée à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, a développé une technologie permettant de doser les fluctuations énergétiques dans le cerveau, en fonction de certains états d’activation cérébrale. Puis, il a été demandé à des volontaires de réaliser un “effort cérébral” simple conduisant leur cerveau à consommer de l’énergie. Pour cela, ils ont été soumis à un stimulus visuel sous forme d’un damier clignotant pendant quelques minutes.
Comme l’explique la directrice de l’équipe, Fanny Mochel, les résultats des mesures ont montré que « le rapport énergétique était clairement diminué chez les malades comparés aux personnes contrôles (saines), traduisant une altération de leur métabolisme cérébral face à l’effort à fournir ».

Compenser le dysfonctionnement métabolique par un apport spécifique

Les chercheurs ont alors cherché à tester l’efficacité de traitements permettant de rétablir un métabolisme cérébral correct. Dix patients atteints de la maladie de Huntington ont pris pendant un mois un traitement lipidique. Ils ont ingéré sous forme d’huile, au cours des repas, de la triheptanoïne (un triglycéride). Le choix de cette substance ne s’est pas fait au hasard puisqu’elle avait déjà fait ses preuves chez des personnes incapables d’utiliser certains lipides de l’alimentation.
Une option pertinente puisqu’à la fin de cet essai thérapeutique, le profil énergétique de tous les patients s’est normalisé. Sur la base de ces résultats encourageants, les chercheurs vont initier en début d’année une étude clinique à large échelle, c’est-à-dire d’une durée d’un an chez une centaine de malades d’Huntington.

« Cibler les différentes facettes de la maladie. »

Cependant, la piste de l’alimentation ne suffira pas à traiter une telle atteinte génétique qui touche environ 5 000 personnes en France, auxquelles s’ajoutent 10 000 individus à risque. « La complexité de la maladie nous oblige à concevoir des approches thérapeutiques complémentaires (génétique, métabolique, inflammatoire…) de façon à cibler différentes facettes de la maladie, souligne le Dr Mochel. Utilisées ensemble, elles auront probablement les meilleures chances de succès comme c’est le cas dans d’autres pathologies plus fréquentes. » O. Clot-Faybesse – Photo Inserm©Elias Salah : marquage de la protéine huntingtine dont la mutation est à l’origine de la maladie de Huntington

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