Le service civique vise l’universel

Publié le 1 juin 2015 par Franck Seuret
Les volontaires s'engagent pour une mission d'intérêt général, indemnisée, d'une durée de 6 à 12 mois.

À partir du 1er juin, tout jeune pourra effectuer son service civique s’il en fait la demande. Jusqu’à présent, seuls quelques dizaines de garçons et de filles en situation de handicap ont réalisé une de ces missions d’intérêt général mais des initiatives émergent pour leur ouvrir davantage ce dispositif.

Volontaire Unis-Cité en fauteuil, Bienvenu
Dans un mois, Bienvenu Kamogne-Tekam terminera ses neuf mois de service civique. Atteint d’amyotrophie spinale, le jeune homme a travaillé dans un tout nouveau quartier de Bordeaux où il n’a pas rencontré de problèmes d’accessibilité. © DR

« Cette expérience m’a ouvert l’esprit. » Bienvenu Kamogne-Tekam terminera son service civique fin juin. Son BTS de comptabilité en poche, ce Bordelais, atteint d’amyotrophie spinale l’amenant à se déplacer en fauteuil roulant, voulait s’accorder un peu de temps avant de commencer à travailler. Le service civique lui tendait les bras. Une mission de neuf mois, effectuée avec sept autres volontaires de l’association Unis-Cité, à Bordeaux.

Le groupe a partagé son temps entre des journées d’animation auprès de personnes âgées et des ateliers de sensibilisation au développement durable et aux éco-gestes. Le baptême du feu pour le jeune homme de 24 ans. « J’avais un peu d’appréhension. Je me demandais ce que j’allais pouvoir apporter… Je suis très timide. Mais le fait d’aller au devant des autres m’a donné confiance en moi et je me sens bien plus épanoui qu’avant. »

Objectif 170 000 volontaires par an

Ce lundi 1er juin, le service civique, créé en 2010, devient universel : tout jeune en faisant la demande se verra proposer une mission. En 2014, 35 000 personnes âgées de 16 à 25 se sont engagées pour six à douze mois dans une mission d’intérêt général. Durée : 24 à 48 heures hebdomadaires auprès d’associations, de collectivités ou d’établissements publics,, indemnisées 573 euros nets par mois. Mais faute de moyens suffisants, l’Agence du service civique (ASC) ne satisfaisait qu’une demande sur quatre. « Je m’engage à mettre tous les crédits nécessaires pour que nous puissions accueillir tous les jeunes qui voudront être en service civique », a promis François Hollande, le 9 mars. 170 000 garçons et filles devraient répondre à l’appel, chaque année.

Les jeunes handicapés s’auto-censurent

Combien de jeunes en situation de handicap parmi eux ? Dans son rapport 2014, la Cour des comptes souligne qu’ils ne représentent que 0,4 % des effectifs alors que l’objectif de l’ASC a été fixé à 6 %, comme pour le taux d’emploi applicable aux employeurs. Leur profil ? Ils sont en moyenne plus âgés que les autres volontaires : 23 ans contre 21. Moins qualifiés également : 41,24 % des premiers ont un niveau de formation inférieur au bac contre 25 %.

« Le problème ne vient pas tant des réticences des structures d’accueil que du manque d’information des jeunes en situation de handicap et de leur auto-censure », précise Jean-Benoît Dujol, l’ex-directeur de l’Agence du service civique. Bref, ils ne savent pas et quand il savent, ils n’osent pas. Beaucoup ont peur de ne pas avoir les compétences nécessaires ou de se heurter à des problèmes d’accessibilité.

Favoriser le financement des surcoûts liés aux besoins spécifiques

« Les structures d’accueil doivent prendre des mesures pour faciliter l’intégration des volontaires handicapés », explique Juliette Bongrand, chargée des relations avec les entreprises pour Unis-Cité. Dans cette association, par exemple, si un jeune a besoin d’un suivi plus régulier, le nombre de volontaires dans le groupe est réduit de huit à sept afin de permettre au salarié référent de lui consacrer plus de temps. Ces encadrants vont d’ailleurs tous bénéficier d’une formation. « Nous prenons soin de proposer des mission adaptées », ajoute-t-elle.

Bienvenu Kamogne-Tekam a ainsi travaillé dans un tout nouveau quartier de Bordeaux où l’accessibilité est donc normalement garantie. Les horaires peuvent également être allégés ou un local de travail aménagé, si nécessaire. Ces surcoûts sont financés par Malakoff Médéric, partenaire d’Unis-Cité. « Nous parrainons actuellement une dizaine de jeunes volontaires et nous allons accroître notre soutien pour accompagner l’essor du service civique universel », explique ce groupe mutualiste.

Limite d’âge repoussée de 25 à 30 ans pour les volontaires handicapés

Le gouvernement va, par ailleurs, repousser à 30 ans, au lieu de 25, la limite d’âge du service civique pour les jeunes en situation de handicap. La mesure figure dans le projet de loi de ratification de l’ordonnance accessibilité du 26 septembre 2014, en cours d’examen au Parlement. Quant à l’allocation adulte handicapé, elle est déjà cumulable avec l’indemnité de service civique. Deux mesures favorables auxquelles s’ajoute « l’envie de se sentir utile », souligne Bienvenu Kamogne-Tekam. Le Bordelais souhaite même enchaîner avec un service volontaire européen. « On a tous quelque chose à donner aux autres. » Franck Seuret

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Non les jeunes en situation de handicap de s’auto censurent pas, la société française les a habitué à rester à l’écart car incapable de leur permettre de faire ce qu’ils souhaitent quand il le souhaite. Va falloir arrêter de retourner la faute sur les victimes d’une société excluante et humiliante et assumer.

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