L’Appas organise sa deuxième formation à l’accompagnement sexuel

Publié le 24 juin 2015 par Élise Descamps
Les neuf stagiaires, six femmes et trois hommes, de la nouvelle session de formation exercent tous dans le secteur médico-social. © Sylvie Guillaume

L’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (Appas) organise, du 25 au 28 juin au nord de l’Alsace, sa deuxième formation. Si la première comptait une majorité d’hommes, là ce sera l’inverse. L’association prévoit des modules complémentaires en octobre, mais pourrait faire face à la pénalisation des clients.

Pas de conflit cette fois-ci avec l’hôtelière qui s’apprête à accueillir l’Appas pendant quatre jours, à Merkwiller-Peschelbronn, à la frontière allemande : elle a elle-même proposé son hospitalité suite à la médiatisation de la première formation, en mars 2015.

Une majorité de femmes pour cette deuxième session

Le programme, très généraliste, portant sur les bases de cet accompagnement sexuel, ainsi que les formateurs, demeurent inchangés. Le profil des neuf stagiaires, lui, est légèrement différent, avec cette fois-ci une majorité de femmes (six) et aucun professionnel du sexe. Âgés de 27 à 61 ans, venant de toute la France, tous travaillent dans le secteur médico-social. Le groupe comprend un couple, dont chacun des deux membre compte exercer. « Comme pour la première session, la plupart des stagiaires sont ou ont été, à titre privé, dans le libertinage. Pour avoir un rapport aussi ouvert à la sexualité, il faut avoir soi-même une expérience très ouverte », commente Marcel Nuss, président-fondateur de l’Appas, lui-même atteint d’un handicap lourd, et ancien bénéficiaire d’accompagnement sexuel.

Vers des modules complémentaires en octobre

Selon lui, aucun des stagiaires de la première session n’a abandonné son projet, et six ont déjà exercé au moins une fois, l’Appas se chargeant de la mise en relation avec le client. « Nous commençons à recevoir des demandes de femmes, c’est très encourageant », précise Marcel Nuss. Une formation complémentaire de deux jours sera proposée en octobre aux stagiaires des deux premières promotions, avec des modules sur le handicap mental, l’assistance à des couples, et avec la présence de personnes en situation de handicap et d’accompagnants sexuels.

L’Appas a reçu le 15 juin dernier le prix coup de coeur de l’Ocirp (Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance) en présence de Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion. « Une reconnaissance énorme et inattendue », commente son président-fondateur.

 

Le risque de la pénalisation des clients

Pourtant, cette activité n’est pas officiellement légale en France et un obstacle nouveau risque de se poser prochainement : la pénalisation des clients de prostitué(e)s (1 500 € d’amende), votée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 12 juin dernier. La loi n’est pas définitivement adoptée puisqu’elle doit encore passer devant une commission mixte entre députés et sénateurs, mais l’Assemblée nationale a toujours le dernier mot au terme de la procédure législative. La promulgation effective de la loi pourrait, elle, prendre encore des mois voire des années.

« Si un client ou un accompagnant est inquiété, nos avocats le défendront », annonce Marcel Nuss, en grand habitué des combats militants. Il les raconte d’ailleurs dans son dernier livre très éclairant, En dépit du bon sens, autobiographie d’un têtard à tuba. L’Appas réfléchit actuellement à déposer un projet de loi autorisant son activité. Élise Descamps

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