Prédire la sortie du coma grâce à un indicateur cérébral

Publié le 16 novembre 2015 par Olivier Clot-Faybesse
Dans le cortex postéro-médian (CPM), la perte de connexion se fait plus précisément entre le cortex cingulaire postérieur (en bleu) et le cortex frontal médian (en jaune) © Unité Inserm 825

Comment déterminer le devenir d’un patient dans le coma ? Jusqu’à maintenant, l’évolution de son état était très difficile à prédire. Cependant, la récente découverte par une équipe française d’un indicateur cérébral pourrait fournir une aide précieuse aux médecins pour établir un pronostic.

Une agression cérébrale, comme un traumatisme crânien, peut plonger dans le coma. L’enjeu majeur est de déterminer son évolution : la victime va-t-elle en sortir et récupérer un état de conscience normal ? Ou, au contraire, garder des séquelles neurologiques lourdes, à l’origine d’un handicap important ? Face à cette difficulté de diagnostic, les chercheurs de l’unité Inserm “Imagerie cérébrale et handicaps neurologiques” (Toulouse) ont eu une approche originale. Leur postulat ? Mesurer notre conscience. Plus précisément son instabilité, c’est-à-dire le fait que ce processus mental complexe varie. En effet, notre état de conscience disparaît naturellement dans la journée de manière cyclique (veille-sommeil). Il peut être également modifié par l’administration de certains médicaments (anesthésie) ou, dans le cas du coma, aboli de manière plus ou moins complète.

Une zone charnière dans la conscience identifiée

Dans leur étude, les chercheurs se sont intéressés à ce qui se passait, d’une part, dans le cerveau de personnes saines lorsqu’elles étaient actives, endormies ou anesthésiées et, d’autre part, dans celui de patients dans le coma. Pour chaque sujet, ils ont mesuré grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF), l’activité cérébrale correspondante. Puis les enregistrements entre témoins et patients (27 personnes par groupe) ont été comparés. Qu’ont découvert les scientifiques ? Que chez les personnes ayant perdu conscience (sommeillant, anesthésiées ou dans le coma), une structure appelée cortex postéro-médian (CPM) voyait son activité diminuée, c’est-à-dire qu’elle communiquait moins avec le reste du cerveau.

Sortir du coma si…

Remarquablement, la baisse d’activité s’est avérée majeure pour tous les patients dans le coma, démontrant ainsi une perte (ou dissociation) de la connexion neuronale avec le CPM. En évaluant son niveau d’altération au cours du temps (jusqu’à trois mois après le début du coma), l’équipe Inserm a mis en évidence que la sortie du coma était étroitement liée au degré d’atteinte de la connexion : « Les patients qui vont récupérer un état de conscience présentent des niveaux de connexions comparables à ceux observés chez les sujets sains. À l’opposé, une diminution de la communication entre le CPM et le cerveau prédit une évolution défavorable vers un état végétatif ou un état de conscience minimale », explique Patrice Péran, co-auteur de ces travaux.

Plusieurs applications

Les recherches devront se poursuivre pour décrypter les mécanismes sous-jacents du coma restant aujourd’hui peu connus. Néanmoins, l’identification d’un tel indicateur cérébral est prometteur. Les neurologues pourraient utiliser ce paramètre pour l’évaluation du pronostic, l’adaptation des traitements du patient dans le coma et la compréhension de l’émergence des perceptions conscientes du monde extérieur. O. Clot-Faybesse

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