Une tragi-comédie traitant du handicap de l’enfant à naître au Théâtre du Rond-Point (Paris)

Publié le 27 novembre 2015 par Valérie Di Chiappari
Un couple au bord du gouffre après l'annonce de son enfant à naître avec un handicap. © Giovanni Cittadini Cesi

Difficile parfois de devenir parents. Encore plus lorsque l’enfant tant rêvé s’annonce différent. Eugénie, une pièce de théâtre évoque cette situation qui va mener un couple au bord du gouffre. Avec gravité mais aussi humour.

Dignité humaine, filiation, famille, couple : tels sont les thèmes de prédilection de l’auteur-metteur en scène Côme de Bellescize. Après l’euthanasie dans Amédée, sa nouvelle pièce de théâtre, Eugénie, aborde le handicap. Grâce une fécondation in vitro, un couple stérile parvient à concevoir un enfant. Mais l’embryon, appelé à se prénommer Eugénie – la bien-née étymologiquement –, s’avère à risque d’avoir un “corps tordu”. Faut-il alors interrompre cette grossesse ou non ? Un choix cornélien qui fait surgir doutes, fantasmes et  sentiments violents (peurs conscientes et inconscientes, angoisses, haine, amour…).

Pertes de repères, contradictions intérieures face au handicap

En mêlant le réel et l’imaginaire, la pièce montre bien combien cette question – très actuelle – génère une perte totale de repères, des contradictions intérieures chez chacun. Sur un mode à la fois grave et cocasse, elle soulève une série de questions : quel avenir pour un être handicapé dans une société qui, très probablement, le rejettera car elle le considèrera comme « laid », « monstrueux », « anormal » ? Est-ce le libre arbitre ou l’égoïsme qui sert de ressort à des parents confrontés à un tel choix impossible ? À quelles autorités morales s’en remettre ? Comment faire face aux pressions du corps médical – quand il ne se déresponsabilise pas – et de l’entourage ? Pourquoi cette récurrente culpabilisation des mères, cette fuite des pères ?

Une mise à l’épreuve

Si ce spectacle manque parfois de subtilité, il n’en demeure pas moins poignant. Grâce notamment à ses quatre formidables acteurs (Philippe Bérodot, Jonathan Cohen, Éléonore Joncquez, Estelle Meyer). Leur jeu permet d’éviter le piège de la caricature dans lequel le choix de recourir au fantasque aurait pu les faire tomber. Reste le rebondissement final qui, à défaut de réalisme, ébranle définitivement. Une épopée fabuleuse, une mise à l’épreuve mentale qui laisse des traces chez chaque spectateur. Élise Jeanne

Au Théâtre du Rond-Point à Paris jusqu’au 13 décembre 2015. Puis au Théâtre de l’Ephémère du Mans les 25 et 26 janvier 2016, au Théâtre Gérard-Philipe de Champigny-sur-Marne les 29 et 30 janvier 2016, à l’Ecam du Kremlin-Bicêtre le 13 février 2016 et au Théâtre Jean-Vilar de Suresnes le 16 février.

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