Régénérer une articulation grâce à un implant de nouvelle génération

Publié le 17 décembre 2015 par Olivier Clot-Faybesse
Reconstruction en trois dimensions du genou. © Inserm, MC Hobatho

Reconstituer intégralement une articulation abîmée. C’est que pourrait accomplir, chez l’homme, un nouveau type d’implant, renfermant des facteurs de croissance pour l’os et des cellules souches pour le cartilage. Un premier essai clinique pourrait démarrer dès 2016.

Une lésion ou une dégénérescence du cartilage a endommagé votre articulation, la rendant douloureuse et lui faisant perdre sa fonctionnalité ? Pas de problème : un implant vivant et en 3D la recouvrira bientôt afin de la réparer et de lui redonner une seconde jeunesse. C’est, en effet, une piste sur laquelle travaille une équipe de chercheurs spécialisés en nanomédecine régénérative (unité 1109 Inserm/Université de Strasbourg).

Les reconstructions actuelles souvent décevantes

En dehors de la pose d’une prothèse, la stratégie à ce jour pour reconstruire le cartilage consiste à injecter dans l’articulation du patient un échantillon de ses propres cellules issues du cartilage. Avec un bénéfice limité car la régénération a lieu bien souvent sur un os lésé. Pour quelle raison ? Le problème réside dans le fait que la douleur – et, par conséquent, le moment du diagnostic – n’apparaît pas pendant le stade de l’érosion mais qu’à partir du moment où le cartilage a totalement disparu. C’est-à-dire quand l’os situé juste sous le cartilage (appelé os sous-chondral) commence à s’abîmer à son tour. Face à un tel constat, les chercheurs ont imaginé une approche originale : réparer l’ensemble de l’articulation, à la fois l’os et le cartilage. Pour cela, ils ont créé un implant composé de compartiments distincts.

Organisation en trois dimensions

Le premier consiste en une membrane à base de collagène dotée de réservoirs contenant des facteurs de croissance osseux. Le second prend la forme d’une couche d’hydrogel renfermant notamment des cellules souches dérivées de la moelle osseuse du patient. Le but ? Régénérer cette fois le cartilage. Il ne reste plus qu’au chirurgien à déposer sur l’os abîmé, la première épaisseur (la membrane) puis à superposer par-dessus la seconde (l’hydrogel avec ses cellules souches). Ensuite, la reconstruction va se faire naturellement, c’est-à-dire toute seule. L’implant va permettre à l’os de se régénérer (grâce aux facteurs de croissance osseux) puis au cartilage présent à sa surface, grâce aux cellules souches qui vont croître et se différencier en de nouvelles cellules de cartilage. Il s’agit donc d’obtenir, à terme, une régénération totale de l’articulation – en l’occurrence dans les mois suivant l’intervention.

Vers un premier essai clinique

Tous les matériaux constituant ce dispositif “vivant” sont déjà autorisés par les autorités de santé et utilisés en clinique. Seule la membrane doit encore obtenir un marquage CE, compte tenu de sa nouveauté. En attendant, les chercheurs ont démarré les essais précliniques. Breveté, l’implant a déjà été testé dans différents modèles animaux. Début 2016, un premier essai chez l’homme, incluant une soixantaine de patients présentant des lésions du genou et venant de trois pays dont la France, devrait être lancé. L’objectif est de tester la faisabilité, la sécurité et l’efficacité de l’implant sur cette articulation, avant d’étendre les travaux à d’autres articulations. O. Clot-Faybesse

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