Prix des médicaments : la campagne choc de Médecins du monde

Publié le 16 juin 2016 par Johanna Amselem
Capture d'écran du site Médecins du monde.

Une campagne de sensibilisation de l’ONG dénonce un prix des médicaments jugé trop exorbitant. Les affiches ont été boycottées par les compagnies d’affichage. Explications.

“Seul 1 % des Français peut se permettre d’avoir l’hépatite C”, “Une leucémie, c’est en moyenne 20 000 % de marge brute”. Ces constats dérangeants sont ceux de la nouvelle campagne de sensibilisation de Médecins du monde. À travers différents slogans percutants, l’ONG s’interroge sur « le prix de la vie » et, plus précisément, les prix pratiqués par l’industrie pharmaceutique. Médecins du monde pose une question : « Le prix indécent des médicaments, ça va durer encore longtemps ? » Elle affirme que la commercialisation d’onéreux médicaments met en danger l’actuel système de soins et complique l’accès aux traitements pour tous. L’ONG dénonce des prix en constante augmentation. Elle donne l’exemple du Sovaldi, pour soigner l’hépatite C, vendu 41 000 euros par patient ou du Glivec, contre la leucémie, qui atteindrait 40 000 euros par an et par patient.

Une campagne censurée

Pour se faire voir, l’ONG a mis en place dix affiches aux couleurs vives. Chacune est séparée en deux comme une gélule. Mais elles resteront invisibles des couloirs du métro ou des panneaux d’affichage. En effet, les trois compagnies démarchées par Médecins du monde ont refusé de les diffuser. Précédemment, l’Autorité de la régulation professionnelle de la publicité (Arpp) avait rendu un avis défavorable sur cette campagne.

Interrogé par France Info, Philippe Lamoureux, directeur général du Leem (Les Entreprises du médicament), dénonce une campagne caricaturale : « On a franchi un pas dans l’outrance et la caricature. Les afficheurs ont eu raison de ne pas laisser d’espace à cette campagne. » Et d’ajouter : « L’innovation thérapeutique va complètement changer notre système de santé, en l’obligeant à se moderniser. L’innovation ne coûte pas cher en soi. Ce qui coûte cher, c’est l’impact budgétaire de cette innovation. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’accès à l’innovation pour les patients. Tout patient qui a besoin d’un traitement y a accès. » Pour justifier son refus, Media Transport, cité par Le Figaro, évoque « le risque de réactions négatives de la part de l’industrie pharmaceutique ». De son côté, JCDecaux mentionne aussi « une absence de sources ». Les affiches sont donc uniquement présentes sur Internet et dans la presse écrite. Ceux qui le veulent peuvent signer la pétition en ligne sur le site de l’ONG. Elle a déjà récolté plus de 124 000 signatures. Johanna Amselem

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