Les lumineuses photos de Josef Sudek éclairent le Jeu de Paume
Surnommé le “poète de Prague”, le photographe, Josef Sudek était privé de son bras droit. Au Jeu de Paume, à Paris, une superbe rétrospective restitue son travail et sa vie.
« Magnifique, envoûtante, un petit bijou d’exposition, à couper le souffle… » Après le vernissage, le 6 juin dernier, les journalistes ne tarissaient pas d’éloges sur l’accrochage, au Jeu de paume (Paris), des travaux de l’un des plus grands photographes tchèques, Josef Sudek (Kolín, 1896 – Prague, 1976). Il est encore temps de vous rendre sur place pour découvrir les raisons de leur coup de cœur. Vous avez précisément jusqu’au 25 septembre pour pénétrer l’univers délicat et minutieux de cet artiste timide et solitaire. Au programme : 130 œuvres compositions en noir et blanc réalisées entre 1920 à 1976.
Amputé lors de la Première Guerre mondiale
Autodidacte, Josef Sudek a d’abord été relieur… avant de perdre son bras droit suite à l’explosion d’une grenade lors de la Première Guerre mondiale*. Il décide alors de se tourner vers la photographie. Une passion que les difficultés à transporter sa lourde chambre grand format à travers Prague et ses alentours, pour en capter les ombres et les lumières, de jour comme de nuit, n’entament en rien.
Affamé de lumière et de silence
Pavés de la capitale de la République Tchèque luisant aux éclats des réverbères, rayons illuminant la cathédrale Saint-Guy, rives de l’Elbe noyées dans une atmosphère vaporeuse…. Josef Sudek s’avère plus intéressé par les lieux et la nature que par les personnes. Son autre sujet de prédilection : le monde depuis sa fenêtre, pour reprendre le titre de cette exposition et celui de sa série la plus célèbre.
Il observe l’extérieur, en saisit et sublime d’infimes changements : arbre au gré des heures du jour et des saisons, buée sur la vitre devenant gouttes puis ruissellement… mais aussi branche en fleur se pressant contre la fenêtre ou encore simples draps étendus. Dans le petit espace encombré de son atelier, il compose aussi des natures mortes à partir d’un œuf, d’un coquillage, d’une poire sur une assiette… Un travail d’abstraction poétique magnifié par la qualité de ses tirages, dont Josef Sudek est très soucieux. Comment ne pas être impressionné par son intelligence du pouvoir de la lumière, et, en effet, ne pas tomber sous le charme de ses visions tendres et mélancoliques ? Élise Jeanne
* Il a photographié ses compagnons d’infortune, mutilés de guerre.
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