Jeux paralympiques : la France veut jouer gagnant à Rio

Publié le 7 septembre 2016 par Franck Seuret
Pour permettre aux athlètes français de préparer Rio dans de meilleures conditions, le ministère des Sports a lancé, fin 2014, son pacte de performance. Photo CPSF 2016 Grégory Picout

L’équipe de France veut mettre fin, à Rio, à sa dégringolade continue au classement mondial des nations paralympiques. Elle est passée de la 4e place en 1992 à la 16e en 2012.

« Revenir dans le top 15 avec la dixième place en ligne de mire. » Emmanuelle Assmann, la présidente du Comité paralympique et sportif français, a fixé sa feuille de route à l’équipe de France. 126 sportifs français – 42 femmes seulement pour 84 hommes – participeront aux Jeux paralympiques de Rio du mercredi 7 au dimanche 18 septembre.

À Londres, en 2012, la 10e place au classement mondial des nations était revenue aux Pays-Bas, avec dix médailles d’or. La France n’avait conquis que huit titres olympiques et donc dû se contenter de la 16e place, malgré ses 45 médailles, tous métaux confondus.

Concurrence de plus en plus sévère

Depuis les Jeux de Barcelone, en 1992, où elle avait terminé au pied du podium (4e), comme à Séoul en 1988, la France a perdu des places à chaque Paralympiade : 6e à Atlanta en 1996, 7e à Sydney en 2000, 9e à Athènes en 2004, 12e à Pékin en 2008 et donc 16e à Londres. La concurrence internationale s’est en effet accrue. Quantitativement : le nombre de nations participantes a quasiment doublé, passant de 89 à Barcelone à 176 à Rio.

Mais aussi qualitativement : « Dans notre discipline, par exemple, le niveau mondial s’élève incroyablement rapidement », témoigne Ludovic Lemoine, le capitaine de l’équipe de France d’escrime, présent sur le circuit international depuis 2003. De plus, certains pays, comme la Chine et la Grande-Bretagne, ont mis en place une politique volontariste, moyens financiers, publics et/ou privés à la clé.

Les paralympiques à la traîne des olympiques

Aux Jeux olympiques, en revanche, la France arrive à maintenir son rang, malgré, là aussi, une concurrence de plus en plus intense. L’explication de ces évolutions divergentes tient sans doute, en partie du moins, à un moindre investissement par les pouvoirs publics et les sponsors, toutes proportions gardées, dans le sport paralympique français que dans le sport olympique .

Infographie Faire Face
La France dégringole au classement des nations aux Jeux paralympiques alors qu’elle maintient, peu ou prou, son rang aux Jeux olympiques (Infographie Faire Face).

Des contrats pour les athlètes paralympiques

Pour permettre aux athlètes français de préparer Rio dans de meilleurs conditions, et donc inverser la tendance, le ministère des Sports a lancé, fin 2014, son pacte de performance. Ce dispositif incite les entreprises à proposer aux sportifs de haut niveau des emplois avec des horaires aménagés ou des contrats de sponsoring. Une trentaine d’athlètes handisport en ont bénéficié.

De son côté, le ministère de la Défense a lui aussi participé à l’opération de reconquête en recrutant une « armée de champions » s’entraînant à temps plein : quatorze d’entre eux se sont envolés pour le Brésil.

La Chine plane au-dessus des Jeux

Pas sûr que cela suffise à atteindre la tant convoitée 10e place malgré l’absence de la Russie, exclue des Jeux (voir encadré). La Chine, impériale avec près de 100 médailles d’or lors des deux dernières éditions, reste le leader incontestable. La Grande-Bretagne, l’Ukraine, l’Australie, les États-Unis, le Brésil et, dans une moindre mesure, l’Allemagne, devraient moissonner entre 20 et 30 médailles d’or et sont également hors d’atteinte. « Enfin, un troisième groupe, où figure la France, sera particulièrement disputé entre les 9e et 16e places », pronostique l’encadrement de l’équipe de France.

Cinq athlètes français participeront aux premiers triathlons paralympiques (natation, cyclisme et course).
Cinq athlètes français participeront aux premiers triathlons paralympiques (natation, cyclisme et course).

Triathlon et canoë, pour la première fois

Cette dernière sera engagée dans 17 des 23 sports au programme parmi lesquels, le triathlon et le canoë y figurent pour la première fois. Paul Blanc ne doit pas en croire ses yeux. Lors d’un débat parlementaire sur l’accessibilité, en 2010, le sénateur avait eu ces propos visionnaires : « À quoi bon adapter un centre de canoë-kayak aux personnes handicapées alors que l’on sait très bien que des impératifs élémentaires de sécurité leur interdisent de faire du canoë-kayak ? » Une source de motivation supplémentaire… Franck Seuret

Russie exclue

Ce que le Comité international olympique (CIO) n’a pas décidé, le Comité international paralympique (CIP) l’a fait. Le CIP a en effet suspendu le Comité paralympique russe, ce qui entraîne l’impossibilité pour les athlètes russes de participer aux Jeux paralympiques. « Le comité russe n’est pas en capacité d’honorer son obligation de respecter le code anti-dopage », a justifié le CIP.

Cette décision fait suite à la publication du rapport McLaren, mi-juillet. L’enquête de ce juriste, commanditée par l’Agence mondiale anti-dopage, avait  démontré l’existence en Russie d’un « système de dopage d’État » de 2011 à août 2015. Le CIO, lui, n’avait pas suspendu le Comité olympique russe. Il avait chargé les fédérations internationales d’autoriser au cas par cas les athlètes russes jugés “propres” à participer aux Jeux.

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