Un tour du monde en solo et en fauteuil : « C’est possible ! »

Publié le 9 septembre 2016 par Aurélia Sevestre
Pendant son tour du monde, Blandine Even partagera ses aventures et conseils sur son site 1 000 découvertes sur 4 roulettes.

Blandine Even, 24 ans, n’a pas froid aux yeux. Cette jeune Belge s’envole ce vendredi soir de Paris pour un tour du monde d’un an, seule avec son sac à dos et son fauteuil roulant. Une aventure minutieusement préparée, handicap oblige.

Faire Face : Qu’est-ce qui vous pousse à réaliser un tel voyage ?

Blandine Even : Je sais que ça peut paraître un peu fou mais j’en rêve depuis toujours et je refuse de laisser mon handicap me freiner dans mes projets. J’ai toujours adoré voyager. À 17 ans, je suis partie un an aux États-Unis grâce au programme d’échange du Rotary Club. Une sacrée aventure : j’étais la première de ma famille à traverser l’Atlantique.

Pourtant, quand je me suis retrouvée en fauteuil roulant il y a quatre ans, j’ai pensé : C’est fini, mes rêves de voyage. Je souffre d’une maladie génétique dont on ne sait rien, pas même le nom. Tous mes muscles, mes bras, mes jambes se fatiguent très vite. J’ai besoin de douze heures de sommeil par jour et, malgré cela, mes réserves d’énergie s’épuisent rapidement. Pour moi, cette fatigue reste plus handicapante que le fait de ne pouvoir marcher. Mais j’ai appris à gérer la maladie et son évolution est stabilisée pour le moment.

Alors, quand j’ai découvert en 2012 qu’une jeune femme handicapée ayant besoin d’une assistance respiratoire avait fait le tour du monde en 80 jours avec son mari, je me suis dit : C’est possible ! Moi aussi, je peux le faire.

La jeune belge de 24 ans s'envole ce soir de Paris-Charles de Gaulle, direction Pékin !
La jeune belge de 24 ans s’envole ce soir de Paris-Charles-de-Gaulle, direction Pékin. © DR

FF : Comment prépare-t-on un tour du monde en fauteuil ?

BE : Avec pas mal d’organisation ! Quand on voyage en fauteuil, d’une façon générale, on ne peut plus décider de partir n’importe où à l’improviste sans rien réserver, sauf à avoir un véhicule adapté dans lequel dormir. Il faut se renseigner précisément, en amont, sur l’accessibilité des lieux visités et d’hébergement, les assistances possibles…

Pour ma part, j’essaie de voyager de façon économique. Je dors souvent en auberge de jeunesse : le site du réseau Hostelling international indique quels sont les établissements accessibles aux PMR. Je privilégie les vols directs car, lors des escales, le risque de casse du fauteuil entre deux avions est accru…

J’ai aussi tiré les leçons de mes précédents voyages. L’été dernier, j’ai fait un tour d’Europe en train de quarante jours. Le pneu de mon fauteuil électrique a crevé à Berlin. Mieux vaut donc prévoir d’installer des pneus pleins ! Pour ce tour du monde, je voyagerai avec un fauteuil manuel équipé d’une roue motorisée. J’ai prévu un pneu de rechange, deux chambres à air… Mon sac fait 10 kg – et j’ai déjà bien du mal à le soulever. Mais impossible d’emmener toute ma garde-robe ! Sur mon site, je donne des conseils de ce type aux handivoyageurs tentés par un long périple.

FF : Quel sera votre itinéraire ?

BE : Je m’envole ce soir, vendredi 9 septembre, à 23 heures de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Direction Pékin et la Chine pour trois semaines. C’est a priori le pays le plus compliqué en termes d’accessibilité, de culture, de langue, etc. Mais je rêve d’aller sur la grande muraille. Puis ce sera le Japon, encore pour trois semaines. Comme j’ai besoin de repos, je prévois toujours de rester une semaine à chaque endroit pour aller à mon rythme.

Le Vietnam m’attend ensuite. Ce n’est pas le pays le plus carrossable en fauteuil mais je suis en contact, sur place, avec une agence spécialisée dans les circuits touristiques adaptés aux voyageurs à mobilité réduite et j’ai déjà des adresses accessibles. Et quand on demande de l’aide, les gens généralement en donnent ! Heureusement, les belles rencontres sont plus nombreuses que les mauvaises en voyage. Si cela se passe bien, je ferai un saut au Cambodge. Peut-être que j’arriverai à convaincre deux gars costauds de me porter à proximité du temple d’Angkor Vat.

Après une escale à Singapour, je poserai mon sac, un mois, en Nouvelle-Zélande où je fêterai mes 25 ans et Noël. Enfin, je passerai le Nouvel An 2017 la tête en bas, en Australie. J’ai décroché un stage de six mois dans un journal francophone local, pour lequel j’ai obtenu une bourse belge.

À chaque étape, je partagerai mes aventures sur mon site 1 000 découvertes sur 4 roulettes, ma page Facebook et mon compte Instagram (@thewheelchairbackpacker). J’espère donner envie aux gens qui me suivent de voyager à leur tour en leur montrant que, même en fauteuil, c’est possible. Propos recueillis par Aurélia Sevestre

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