Dyspraxie : des enfants pas si fâchés avec les mathématiques

Publié le 10 octobre 2016 par Olivier Clot-Faybesse
Si près de neuf enfants dyspraxiques sur dix ont des difficultés en mathématiques, ils ont néanmoins la capacité de les surmonter, grâce notamment à l'aide d'outils pédagogiques spécifiques. © Hop'Toys

Une récente étude démontre que les enfants atteints de dyspraxie présentent une difficulté à évaluer avec précision les quantités numériques. Néanmoins, ils conservent la capacité à organiser les nombres de façon linéaire, ce qui leur donne accès aux concepts mathématiques.

« Le sens du nombre est perturbé chez les enfants dyspraxiques mais pas leur compréhension des concepts », explique Caroline Huron, chercheuse en sciences cognitives. Une affirmation basée sur les résultats qu’elle a obtenus avec son équipe du laboratoire de Neuroimagerie cognitive (Inserm/CEA/Université Paris Sud).

À l’origine des travaux des scientifiques : la volonté d’essayer de mieux comprendre les difficultés en mathématiques rencontrées par un grand nombre de jeunes dyspraxiques (88 %), ces enfants ayant un déficit de coordination motrice d’origine développementale. Pour y parvenir, Caroline Huron et ses confrères ont mis sur pied une expérience simple et astucieuse.

La dyspraxie n’empêche pas la résolution de problèmes mathématiques

Son principe ? Tracer une ligne horizontale graduée de 0 à 100. Placer en un point précis de la ligne une marque et demander ensuite à un enfant d’indiquer à quel nombre cela correspond. Par exemple, si le repère touche la ligne au niveau du chiffre 10, la réponse sera donc 10. Une fois la réponse notée, le test se poursuit en positionnant la marque sur un autre point de la ligne.

Cette expérience a été proposée à des enfants de 7 à 10 ans répartis en deux groupes de vingt. Le premier rassemblait de jeunes dyspraxiques, le second des enfants sans retard de développement. Pour chacun, leurs mouvements oculaires (regard de la marque puis regard vers la ligne) ont été enregistrés simultanément à la réalisation de l’exercice.Dyspraxie et math.
Résultat : les enfants touchés de dyspraxie estiment les nombres de manière moins précise que ceux du groupe témoin.

Néanmoins, ils organisent ces nombres en fonction d’une échelle linéaire dont les valeurs sont équidistantes (la distance entre 8 et 9 est la même que celle entre 98 et 99). C’est-à-dire qu’ils ne surévaluent pas les petites quantités par rapport aux grandes. Donc chez un enfant dyspraxique, il existe une perception moindre des quantités numériques mais cela ne l’empêche pas de résoudre un problème mathématique.

Un recherche aux bénéfices pédagogiques immédiats

Les résultats de l’équipe de Neuroimagerie cognitive profitent directement aux enfants dyspraxiques. En effet, ils aident à rendre plus pertinent encore les outils d’apprentissage existants ou permettent d’en développer de nouveaux. Si les applications sont aussi rapides, c’est parce que la directrice de ces recherches, Caroline Huron, est aussi la présidente de l’association le Cartable fantastique.

Elle l’a créée en 2010 avec comme mission de faciliter la vie quotidienne et la scolarité des enfants en situation de handicap, plus particulièrement ceux atteints de dyspraxie. « Nous venons en appui des politiques publiques et avons des liens forts avec les associations de familles. Mais, précise Caroline Huron, notre cible reste les enseignants afin de faire entrer les aménagements nécessaires aux enfants dans les classes. »

Cet objectif passe par la mise au point de ressources spécifiques (jeux et exercices conçus pour améliorer le sens du nombre, supports numériques) naissant du croisement des regards de chercheurs en sciences cognitives et d’enseignants. Nul doute que de retour à son laboratoire, la présidente de l’association le Cartable fantastique se réjouit ainsi des applications très concrètes des travaux de son équipe. O. Clot-Faybesse

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