« Je ne savais même pas ce qu’était une entreprise adaptée. »

Publié le 18 novembre 2016 par Franck Seuret
Noëlle Le Corre (la dernière à droite) : « C'est un grand bonheur de travailler pour un employeur qui tient compte des capacités de ses salariés. » © DR

Plus de trois décennies dans le commerce avant d’être licenciée pour inaptitude. Après dix-huit mois de chômage, Noëlle Le Corre, 58 ans, a retrouvé un emploi dans une entreprise adaptée.

logo-seephLe bonheur, c’est simple comme Le Bon Coin, pour Noëlle Le Corre. C’est sur ce site de petites annonces en tous genres qu’elle a retrouvé un emploi. Dans une entreprise adaptée. Une aubaine pour cette Bretonne reconnue travailleur handicapée âgée de 58 ans : « Après dix-huit mois de chômage, je ne supportais plus de rester chez moi. Je bouillais d’être condamnée à l’inactivité, moi qui ai toujours travaillé. »

« Je ne peux plus porter de charges. »

Une vie professionnelle de trente-cinq ans dans le commerce. Comme restauratrice, d’abord, pendant vingt ans. Puis, comme responsable du rayon boulangerie d’une grande surface une quinzaine d’années. Jusqu’à ce qu’elle soit licenciée pour inaptitude, à 55 ans, en 2013. « À cause d’une grave maladie des poumons, précise-t-elle. Je ne peux plus porter de charges ni travailler dans certains environnements nuisibles à ma santé. »

« Mon âge faisait peur aux employeurs. »

Suivie par Cap emploi, elle monte un dossier de validation des acquis de l’expérience pour obtenir l’équivalent d’un BTS en management. Son diplôme en poche, elle multiplie les candidatures à des postes de manager dans le commerce. En vain. « Je pense que mon âge faisait peur aux employeurs. J’ai donc fini par postuler à tout type de poste compatible avec mes capacités. Et je suis tombée sur cette offre de Sevel Services. »

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Noëlle Le Corre travaille dans un atelier de conditionnement. © DR

« Je me sens écoutée et soutenue. »

Les six agences bretonnes de cette entreprise adaptée emploient 450 personnes, dont plus de 80 % en situation de handicap. « Je ne savais même pas ce qu’était une entreprise adaptée, confie-t-elle. Mais c’est un grand bonheur de travailler pour un employeur qui tient compte des capacités de ses salariés. Je me sens écoutée et soutenue. En confiance. »

Elle a ainsi quitté le premier atelier, trop poussiéreux, dans lequel elle avait commencé. Elle est désormais affectée au service conditionnement sur le site d’un des clients de Sevel Services.

« Je veux pouvoir tenir jusqu’à la retraite. »

« Je place des produits dans des cartons. Cela n’a rien avoir avec le commerce et le statut de travailleur handicapé est parfois dur à porter sous le regard des autres salariés. Mais je mesure cette chance de continuer à travailler. » À son rythme.

Après avoir démarré à temps plein, en contrat à durée déterminée, elle est passée à quatre cinquièmes, en CDI, au Smic. Et pourrait même bientôt lever un peu le pied puisqu’elle vient d’obtenir une pension d’invalidité. « Je veux pouvoir tenir jusqu’à la retraite, dans quatre ans. J’aurais alors 62 ans. » Et tout le temps pour consulter les annonces loisirs du Bon Coin. Franck Seuret

Comment 3 commentaires

Je suis très heureuse pour elle et lui souhaite bonne chance et surtout qu’elle garde cet emploi jusqu’à sa retraite comme elle le désire.
Courage !

Il n’est jamais trop tard de découvrir ce qu’est une entreprise adaptée, en milieu ordinaire et qui s’appelait avant “atelier protégé” pour lequel il fallait une orientation spécifique venant de la Cotorep. Bonne continuation à Noëlle.

Ce n’est pas repris ci-dessus, mais Mr Juppé dit aussi que si elle le souhaite, la personne en situation de handicap pourra se voir attribuer un budget personnel pour l’emploi correspondant à l’équivalent des dépenses engagées en sa faveur si elle était en établissement pour lui laisser le soin de « financer », en quelque sorte, son emploi en milieu ordinaire, je trouve cette correspondance entre le coût d’une place en ESAT et le reversement à l’employeur sous forme d’aide pendant toute la vie professionnelle de ce qu’aurait coûté l’accueil de la personne en ESAT très novatrice et intéressants, comment l’organiser en pratique pour une personne déficiente intellectuelle ?
Par ailleurs, que pensent nos 2 candidats du fait qu’une personne née avec handicap mental (trisomie 21) qui perçoit l’AAH à taux plein, parvient à décrocher un CUI de droit commun qui n’est pas renouvelé (par manque d’aide à l’employeur..) et qui, revenue à la situation initiale, au moment de percevoir à nouveau son AAH taux plein, se voit réclamer par la CAF de faire valoir ses droits à invalidité (acquis par son CUI), complétés par l’ASI (aide sociale récupérable à son décès avec prise d’hypothèque !) et une AAH différentielle le tout pour le montant maximum de l’AAH à taux plein ! à la place de l’AAH taux plein qu’elle percevait jusqu’alors. : trouvez-vous normal que d’avoir travaillé 1 an la pénalise autant ?

Dans mon esprit : invalidité = suite à accident ou maladie, mais en aucun cas un handicap de naissance ?

L’AAH lui est finalement restée acquise car elle n’a pas travaillé suffisamment d’heures sur une période de 12 mois pour ouvrir droit à pension d’invalidité, mais c’est un pur hasard..
Pas de travail : AAH à taux plein
Travail, arrêt contrat = invalidité + ASI (aide sociale remboursable) – AAH différentielle : très pénalisant : et de plus, la solidarité familiale remplace la solidarité nationale. Qu’en pensent les deux candidats ?
On voudrait décourager de travailler qu’on ne s’y prendrait pas autrement..

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