La Fille de Brest : le combat d’Irène Frachon contre le Mediator

Publié le 23 novembre 2016 par Claudine Colozzi
la bataille contre le Mediator ? "De la chirurgie de guerre, à vif et sans les gants". © Caramel Films

Pneumologue au CHU de Brest, Irène Frachon a révélé au grand public la catastrophe sanitaire du Mediator en 2009. En salles aujourd’hui, La Fille de Brest retrace, avec justesse, la bataille de cette lanceuse d’alerte contre le puissant laboratoire Servier. Un combat loin d’être clos car aucune des victimes n’a encore été indemnisée.

Le scandale du Mediator, nous en avons tous entendu parler. En 2009, le Dr Irène Frachon, une pneumologue bretonne du CHU de Brest met au jour que ce médicament commercialisé depuis trente ans par les laboratoires Servier serait à l’origine de graves lésions des valves cardiaques (valvulopathies) et d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), pathologie rare et incurable.

Ce que nous ignorions, sauf à avoir lu son livre paru en 2010, Mediator, 150 mg. Combien de morts ? (Éditions Dialogues), ce sont les différentes étapes de ce long bras de fer. Il a abouti au retrait de ce médicament du marché français et à la reconnaissance de la responsabilité civile des laboratoires Servier.

David contre Goliath

la-fille-de-brest-afficheComme dans le film Erin Brokovich, référence revendiquée de la réalisatrice Emmanuelle Bercot, où une femme part en croisade pour dénoncer une affaire de pollution des eaux potables, La Fille de Brest plonge le spectateur dans les coulisses de l’éternel combat de David contre Goliath. Soit une blouse blanche du Finistère déterminée à tenir la dragée haute à un puissant laboratoire pharmaceutique et aux autorités de contrôle sanitaire la toisant avec mépris et condescendance. Une bataille perdue d’avance ?

C’était sans compter la pugnacité d’Irène Frachon, le genre de force tranquille bouillonnant de l’intérieur. Elle est campée avec justesse et ce qu’il faut d’exubérance par l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen. Elle n’a pas sa langue dans sa poche : « Les cardiologues français ont de la merde dans les yeux depuis trente ans. » Une combattante qui monte au front. « On est dans la chirurgie de guerre, à vif et sans les gants », crie-elle à un moment-clé du film à un médecin en train de douter. Une formule résumant les pressions et dommages collatéraux dont elle et ses soutiens ont fait les frais.

Portrait de femme, médecin dévoué à ses patients

Ce film a aussi le mérite de remettre sur le devant de la scène médiatique ce combat loin d’être terminé. L’indemnisation des victimes reste au point mort. À celles et ceux lui conseillant de raccrocher la blouse, Irène Frachon répond qu’elle n’a qu’un seul objectif, les victimes.

En plus d’être un beau portrait de femme, La Fille de Brest rend aussi ses lettres de noblesse au rôle du médecin. Avant d’être une lanceuse d’alerte, expression qu’elle a contribué à populariser, le Dr Irène Frachon est avant tout un médecin entièrement dévoué aux besoins de soins des patients. Claudine Colozzi

 

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