1,2,3… handicap : des photos pour décomplexer le regard sur la différence

Publié le 14 décembre 2016 par Claudine Colozzi
L’Institut d’éducation motrice et le Service de soins et d’aide à domicile Handas de Villeubanne reçoivent 45 enfants et adolescents de 2 à 20 ans polyhandicapés. © Jean-Baptiste Laissard
Célyane, 4 ans, atteinte de spina bifida, est accueillie à l'école 16 heures par semaine. En attendant d'être plus autonome... © Jean-Baptiste Laissard
Célyane, 4 ans, atteinte de spina bifida, est accueillie à l’école 16 heures par semaine. En attendant d’être plus autonome… © Jean-Baptiste Laissard

Après deux premiers projets Vies en roue libre (2010) et Corps & Âmes (2013), le photographe Jean-Baptiste Laissard sort un nouvel ouvrage, 1,2,3… handicap, sur le thème “enfance et handicap”. Une manière de poursuivre son travail de sensibilisation à la différence.

Faire Face : Qu’est-ce qui vous a conduit à explorer le champ du handicap ?

Jean-Baptiste Laissard : Alors que je cherchais un emploi d’appoint suite à une baisse d’activité, j’ai eu l’opportunité, il y a quelques années, d’être embauché comme auxiliaire de vie. Un heureux hasard professionnel.

Ignorant tout du handicap, j’ai pris une claque. Je n’en revenais pas : j’accompagnais une personne handicapée dans un supermarché et on me parlait au lieu de lui parler. Ou alors on s’adressait à elle comme à un enfant ou alors, encore plus incompréhensible, en hurlant !

FF : Pourquoi avoir initié un travail photographique ?

J-B.L : Suite à cette expérience, mon regard sur le handicap a radicalement changé. J’ai décidé de rendre compte de l’organisation quotidienne des personnes en situation de handicap moteur à travers des récits de vies. Le projet comprenant un livre et une exposition, Vies en roue libre, a été suivi par un deuxième consacré à la vie affective et sexuelle intitulé Corps et âmes.

Sorti le 12 décembre, 1,2,3… handicap sur l’enfance parachève cette trilogie. Le handicap est un prisme de travail pour parler de la différence. Certains font du reportage à l’autre bout du monde. Je pense qu’à notre porte, le reportage social a tout son intérêt pour essayer de faire changer les choses.

Sensibiliser le grand public : “Un marathon, une course de fond.”

FF : Comment dissiper cette gêne éprouvée souvent de prime abord au contact des personnes handicapées ?

couvertrure-livre-123-handicapJ-B.L : Avec les bénéficiaires d’un service d’aide à domicile lyonnais, nous avons créé une association Ya pas photo pour poursuivre un travail de sensibilisation du grand public vis-à-vis du handicap. C’est un marathon, une course de fond, mais tout cela finira par porter ses fruits.

Déjà, je vois que les choses commencent un peu à bouger avec ce troisième livre. Je milite en faveur d’un regard original, positif et sans misérabilisme sur la différence. Avec douceur et bienveillance, sans photo choc, ni culpabilisation.

FF : Vous abordez pour la première fois le polyhandicap dans votre livre. Votre expérience vous a-t-elle aidé ?

J-B.L : Cela reste difficile. On ne sait jamais si l’attitude que l’on adopte à l’égard d’une personne handicapée est la bonne. Mais cela ne m’arrête pas : je ne baisse pas le regard. Au contraire, je le soutiens et j’avance. Propos recueillis par Claudine Colozzi

Vous pouvez commander le livre  (20 € + 3,90 € de frais de port) directement sur le site de l’association Ya pas photo.

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