Une bactérie identifiée dans la polyarthrite rhumatoïde

Publié le 9 février 2017 par Olivier Clot-Faybesse
Carie dentaire
Germes dentaires. © Inserm/B. Kerebel

La polyarthrite rhumatoïde est une pathologie auto-immune dont l’origine reste difficile à cerner. De récentes recherches mettent en évidence le rôle inédit d’une bactérie, Aggregatibacter actinomycetemcomitans. Elle interviendrait dans le déclenchement et le maintien de la maladie chez les patients.

Quel rapport peut-il bien exister entre une inflammation des gencives et la polyarthrite rhumatoïde, cette maladie immunitaire handicapante détruisant les articulations des mains et des poignets ? A priori aucune. Sauf que dans de nouveaux travaux, des chercheurs américains viennent de leur trouver un point en commun. En l’occurrence, la présence de protéines modifiées à l’identique, de manière très spécifique. Découverte faite en analysant tout d’abord le liquide gingival enflammé. Puis en comparant les protéines qu’il contient avec celles présentes au sein des articulations d’une personne touchée par la polyarthrite rhumatoïde. Encore plus intéressant, les scientifiques ont pu ensuite isoler le responsable à l’origine de ces modifications si particulières.

Un lien enfin établi entre deux processus inflammatoires

Il s’agit d’une bactérie appelée Aggregatibacter actinomycetemcomitans ou Aa. Elle est capable d’induire des changements dans les protéines de l’organisme via la production d’une toxine. Si les chercheurs se sont lancés sur cette piste, ce n’est cependant pas par hasard. En effet, certains patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde présentent également une inflammation chronique entre les gencives et les dents. Dans cette inflammation des tissus de soutien de la dent, appelée parodontite, plusieurs germes prolifèrent, dont la fameuse bactérie Aa. L’hypothèse d’une origine bactérienne orale n’est en soi pas nouvelle. Néanmoins, c’est la première fois qu’il est montré que les modifications induites par la bactérie Aa sont similaires à celles observées dans les articulations des patients.

Des conséquences pratiques pour lutter contre la polyarthrite rhumatoïde

Ces résultats soulignent l’importance que pourrait avoir l’hygiène bucco-dentaire pour la prévention et le contrôle de la polyarthrite rhumatoïde. Même s’il est prouvé que le terrain génétique intervient dans environ 30 % des cas, l’existence d’une parodontite doit être décelée et traitée chez les patients. Des études sont d’ailleurs en cours afin d’évaluer si cette inflammation chronique de la bouche entretient la polyarthrite, pire, précipite son évolution.
À noter, enfin, que cette découverte suit deux avancées récentes dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. L’une concerne l’emploi en second traitement d’un anti TNF-α et la seconde traite de l’arrivée d’une nouvelle molécule prometteuse, le baricitinib. O. Clot-Faybesse

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